Quand le ministre du travail veut fliquer les chômeurs

mercredi 3 septembre 2014

Nouvelle petite bombe au gouvernement. Cette fois, ce sont les déclarations de François Rebsamen, le ministre du Travail, qui échauffent plumes et langues. Mardi, le ministre a demandé sur i-Télé « à Pôle emploi de renforcer les contrôles pour vérifier que les gens cherchent bien un emploi » avant de lancer : « il faut qu’il y ait, à un moment, une sanction ». Depuis 2008 pourtant, les devoirs des demandeurs d'emploi sont inscrits dans la loi. Ils doivent « effectuer des actes positifs et répétés de recherche d'emploi » et « accepter les offres raisonnables ». « Le refus, sans motif légitime, à deux reprises d'une offre raisonnable d'emploi »,  entraîne la suspension des allocations pendant deux mois. Pour Pôle emploi, toute la difficulté réside dans la rhétorique de « l’offre d’emploi raisonnable ».

La polémique a commencé à enfler samedi lorsque François Rebsamen avait reconnu l’échec du quinquennat en matière d’emploi. Et les chiffres sont sans pitié puisque plus de 500.000 nouveaux demandeurs d’emplois sont inscrit sur les listes de Pôle emploi qui comptabilisent  désormais 3,4 millions de chômeurs. Mais le ministre du travail a fait ses comptes en comptant 350 000 postes non pourvus, et demande dès lors à Pôle emploi d’adopter « un état d’esprit différent » en s’appuyant sur « des convocations et des vérifications ».

Le chômeur malhonnête, fraudeur et fainéant

Pour Laurent Berger, numéro 1 de la CFDT, ces propos sont « scandaleux et « stigmatisants » alors qu’Eric Aubin, un des membres de la direction de la CGT, déplore que « la seule solution que trouve le gouvernement pour faire baisser la courbe du chômage » est de « sanctionner les demandeurs d’emplois ».  FO se déclare « abasourdie » et la secrétaire générale de la FSU, Bernadette Groison, a jugé la déclaration de François Rebsamen « malvenue et désolante ».

Même au sein du gouvernement, les dents grincent et le secrétaire d’Etat à la réforme de l’Etat a été l’un des premiers à se manifester en jugeant que l’idée du ministre du travail, « ce n’est pas la solution » avant d’ajouter un peu narquois « Ce n’est pas parce qu’on contrôle un peu plus les chômeurs qu’on va vaincre le chômage » et juge qu’ « il faut surtout se concentrer sur les réponses pour développer l’emploi ». D’ailleurs, le délégué fédéral du mouvement national des chômeurs et précaires a estimé de son coté que les gouvernements qu’ils soient de droite ou de gauche, « tiennent le même discours ». « On dit aux chômeurs ‘tout est de votre faute, vous êtes malhonnêtes, fraudeurs, au mieux fainéants », a-t-il ajouté.

Véronique Pierron

Pour en savoir plus :

Les devoirs des demandeurs d'emploi (Sénat)

Mouvement national des chômeurs et précaires (Site officiel)

 

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