Une secrétaire d’Etat grassement payée pour 30 pages de rapport

mardi 25 novembre 2014

7500 euros. C’est environ la somme qu’à touché Pascale Boistard lorsqu'elle était adjointe à la mairie de Paris en 2011 pour avoir rédigé un rapport pour le Conseil régional d'Île-de-France. L’actuelle secrétaire d'Etat aux Droits des femmes avait alors rendu 30 pages à Jean-Paul Huchon, alors secrétaire PS de la région et commanditaire. Un « bien maigre » rapport « très cher » payé selon l’hebdomadaire Marianne qui révèle l’information. Mais le problème n’est pas tant là, c’est surtout qu’il n’a pas servi à grand-chose pointe le journal. Le « Rapport sur la politique d’intégration du Conseil régional d’Ile-de-France : la valorisation de l’apport de l’intégration » n’a en effet « pas été publié, n’a donné lieu à aucune délibération et n’a entraîné presque aucune action de la part des services de la collectivité ou de ses élus ».

Pascale Boistard, de son côté, se défend : « Le travail que j’ai réalisé a permis de recenser un vaste ensemble d’actions réalisées par la Région dans des domaines divers, sans que la valorisation de ces actions n’ait été jusqu’alors envisagée globalement. Ce travail a d’ailleurs été suivi d’effet puisque la Région a décidé notamment d’intervenir sur les foyers de travailleurs migrants, sur l’intégration par la langue et la valorisation des cultures, etc. »

Qualifié de « petite gâterie de l’Ile-de-France » par le journal, le rapport figure sur la déclaration d’intérêts de l’élue mais pour un montant total de 6 900 euros soit presque 1000 euros de moins que le montant réellement payé indiqué par les services généraux de la collectivité.

Rapport de copinage

Autre point polémique, à l’époque de la rédaction du rapport, Pascale Bostard était adjointe à la mairie de Paris et assistante parlementaire de la sénatrice de Saint-Pierre-et-Miquelon, deux fonctions pour lesquelles elle percevait 3400 euros et 2300 euros par mois. Fallait-il alors qu’elle en tire une rémunération ? Interroge Marianne. « C’est au premier abord une mauvaise pratique. Mais cela est classique du copinage, indique René Dosière, député apparenté PS de l’Aisne. Le rapport proprement dit n’est que le support pour donner un peu d’argent à quelqu’un. »

Selon Marianne, qui s’est procuré le document, se dernier ne comporte en fait que 26 pages en enlevant la page de garde, les deux pages consacrées à la table des matières et une bibliographie.

L’UMP s’indigne

« La question est la suivante : l’argent des contribuables a-t-il servi à financer une élue socialiste pour un rapport sans contenu ? ». La présidente du groupe UMP Valérie Pécresse n’a pas hésité à demander des éclaircissements à Jean-Paul Huchon lors d’une séance du Conseil régional d’Île-de-France avant de la quitter. Elle juge une telle commande « inacceptable ». « Il y aurait-il donc une sorte de « caisse noire » à la discrétion de l'exécutif régional ? Quel est son montant ? Il y a-t-il-eu d'autres rapports ? Combien ? Quels en sont les auteurs ? A quel prix ? Et si oui, pourquoi leur contenu n'est-il pas public ? », a-t-elle interrogé en fustigeant alors « l'opacité » de la gestion régionale.  « Madame Pécresse est dans une logique d'amalgame et de discrimination », dit-on au niveau de la région selon Marianne. « Cette affaire est un feu de paille ».

Gaëlle Michineau

Pour en savoir plus :

Le très cher rapport de la secrétaire d’Etat aux Droits des femmes (Marianne)

 

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