Patrick Buisson ou le Watergate à l’envers

jeudi 6 mars 2014
Crédit : Europe 1

26 février 2011. Nicolas Sarkozy discute avec ses conseillers du prochain remaniement ministériel.  Patrick Buisson alors conseiller du président en fonction a glissé un dictaphone dans sa poche. L’avenir de plusieurs ministres est en jeu. Michèle Alliot-Marie, empêtrée dans ses affaires d'investissements en Tunisie et le proche du président de la république Brice Hortefeux quitteront  le gouvernement. L’avenir de François Fillon y est aussi discuté mais Nicolas Sarkozy ne semble pas envisager de le remplacer : « Remplacer Fillon par Borloo, c’est grotesque. Y’a qu’une seule personne qui pourrait remplacer Fillon aujourd’hui, c’est Juppé. Je m’entends très bien avec Alain. Je ne vous contredis pas », dit l’ex président à ses conseillers. Le jour même à la fin de la réunion, Carla Bruni Sarkozy se plaint un peu du fait qu’elle ait dû abandonner ses « contrats mirifiques » en devenant l’épouse du président. « Après moi je vais les re-signer les contrats. Je vais même pas attendre tellement longtemps… Si je peux me permettre… Un petit contrat à la cool comme ça… On ne va pas faire vendre de l’anti ride à une fille de 22 ans, vous êtes d’accord ? ». Ce à quoi son mari président réponds : « Oh… je vais te dire,  mon avenir c’est de devenir Monsieur Ramirez à la caisse ».

Des heures et des heures d’enregistrements de réunion de travail et de conversations plus intimes volées  par l’ex-conseiller du président Sarkozy sont aujourd’hui mis sur la table. Ayant pu accéder à ces enregistrements, le Canard Enchainé et le site Atlantico en ont donné plusieurs extraits mercredi. Selon Le Canard, par exemple, après l'enregistrement de l'allocution dans laquelle il annonce le remaniement, l'ex-président revient et lance alors à ses conseillers : « On n'a pas entendu ces connards de chiens qui aboyaient », ce à quoi Patrick Buisson rétorque en faisant un essai de spiritualité : « Tu parlais des journalistes? ». C’est le journal  Le Point qui avait « sorti l’affaire », trois semaines plus tôt mais sans preuves, ce qui avait permis à Patrick Buisson de porter plainte contre le journal. Aujourd’hui, de nouvelles cartes prouvent indéniablement que l’ex-conseiller a bien été l’auteur de ces enregistrements indélicats. Patrick Buisson via son avocat Gilles-William Goldnadel se défend : « En tant qu'intervenant essentiel de ces réunions » il « ne pouvait prendre des notes écrites et utilisait ces enregistrements pour préparer la réunion suivante ». Il ajoute qu’ensuite ces enregistrements «  étaient détruits au fur et à mesure sauf manifestement quelques uns qui lui ont été dérobés et dont il est fait présentement un usage extravagant et pervers »….   A suivre.

Véronique Pierron

Pour en savoir plus :

"Remplacer Fillon par Borloo, c’est grotesque" (Atlantico)

Carla et les  « contrats mirifiques » (Atlantico)

 

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