Marseille : les Baumettes, cette prison « inhumaine »

vendredi 7 décembre 2012

Pour le contrôleur général des prisons, ça ne fait aucun doute : le centre pénitentiaire des Baumettes à Marseille représente « une violation grave des droits fondamentaux » des détenus et des personnes qui y travaillent. Pendant une dizaine de jours, en octobre dernier, Jean-Marie Delarue accompagné d’une vingtaine de contrôleurs a visité la prison. Et le constat est accablant. Tellement accablant qu’il a décidé d’employer les grands moyens. À savoir les recommandations d’urgence. C’est la deuxième fois depuis sa nomination en 2008 qu’il utilise cette procédure.

Vétusté, insalubrité, cafards, cloportes, rats, détritus, pas de lumière, pas de cabine de douche, pas d’eau chaude… « Sur un échantillon soigneusement examiné par le contrôle de 98 cellules, les contrôleurs en ont trouvé seulement neuf n’appelant aucune observation sérieuse », déplore le contrôleur général des prisons dans un rapport assorti de ses recommandations publié jeudi au Journal officiel. Sans oublier la surpopulation : au 1er octobre 2012, 1 769 personnes étaient incarcérées pour 1 190 places. Soit un taux d’occupation de 145,80 %.

Côté personnel, il y a pénurie à laquelle s’ajoute un taux élevé d’absentéisme. Et au final, « le personnel gère la détention comme il le peut, avec les moyens humains et matériels dont il dispose ». Le rapport note aussi que « les greffiers des juges de l’application des peines (et donc les magistrats) et les infirmiers du service psychiatrique (SMPR) refusent catégoriquement (ces derniers au nom de leur indépendance) de mettre les pieds en détention ». 

À ces « conditions sans doute inhumaines, sûrement dégradantes », le contrôleur général des prisons attend des réponses. Car la situation des Baumettes n’est pas nouvelle. Elle est même connue depuis 20 ans. Le rapport a été envoyé à la Garde des Sceaux Christiane Taubira. Dans sa réponse publiée aussi au Journal officiel, elle parle notamment du projet de restructuration des Baumettes qui doit se terminer en 2017. Toutefois, comme elle le précise, il « permettra de répondre aux problèmes de vétusté constatés actuellement, mais n’augmentera pas la capacité d’accueil de l’établissement ». Quant à la ministre de la Santé Marisol Touraine qui a également reçu le rapport, elle n’a pas encore répondu.

Caroline Moisson

Crédit Photo : G. Korganow pour le CGPL

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