Lyon se mobilise pour sédentariser les Roms dans leur pays d’origine

jeudi 26 septembre 2013
AP

C’est Christian Estrosi qui, tant pour des visées électoralistes que pour exprimer ses convictions, a déclenché en juillet dernier une bien vilaine polémique. Le maire de Nice avait tout bonnement demandé l'expulsion automatique des Roms hors de France. Il avait même édicté un « guide pratique » à l’usage des maires de l’Hexagone pour les aider à  mieux débarrasser leurs territoires de pauvres gens sans foyer. Retour à la case le Pen.  

Puis ce fut au tour du ministre de l’intérieur. Mercredi matin, au micro de BFMTV et RMC, Manuel Valls a réaffirmé ses propos polémiques  à l’encontre des populations Roms installées en France. « Les Roms ont vocation à repartir en Bulgarie ou en Roumanie », a-t-il certifié en prétextant que les « conditions sanitaires et sécuritaires » offertes par les campements occupés par les populations Roms en France ne sont pas satisfaisantes. Et sans se démonter comme à son habitude, le ministre s'est d'ailleurs félicité de la « fin de l'aide au retour de 300 euros » qui était versée aux personnes renvoyées en Roumanie ou en Bulgarie qui était, selon lui, « au coeur des trafics » et provoquait « un appel d'air » auprès de ses populations. Comme il fallait s’y attendre, Christian Estrosi a applaudi le ministre des deux mains et s’exclamait en septembre, dans un entretien accordé au JDD : « Je suis satisfait de voir que le ministre de l'Intérieur reprend une partie du « guide pratique » que j'ai proposé à 3 600 maires en juillet dernier », avant de poursuivre triomphant : « Bravo donc à lui d'emprunter la voie que j'ai tracée ».

Et « Les hommes de bonne volonté » ?

Pourtant… Pourtant… au pays de Voltaire et d’Hugo, des initiatives à applaudir – enfin – sont soudain remarquées tant leurs bienfaits sont à la hauteur de leur discrétion. C’est le cas de Lyon, la bien nommée, qui depuis deux ans s’efforce de sédentariser dans la ville de Tinca en Roumaine, des familles  Roms installées dans des bidonvilles de l’agglomération lyonnaise. Une coopération unique en France qui vise à offrir à 7 000 habitants dont un tiers de Roms, des conditions de vies décentes. Hubert Julien-Laferrière, vice-président du Grand Lyon chargé de la coopération et de la solidarité internationales s’explique sur le choix de la ville d’implantation de cette population : «Nous sommes allés voir les Roms installés à Lyon pour savoir d'où ils venaient et il est apparu que la plupart étaient originaires de Tinca ». Il poursuit en argumentant cette fois sur les motivations de Lyon : « Sur place, à Tinca, nous avons constaté qu'ils s'éclairaient à la bougie, provoquant des incendies, qu'ils n'avaient ni chauffage, ni toilettes, ni salles de bain ». « La clé du problème passe par leur intégration dans la société », ajoute-t-il.

C’est ainsi que l’agglomération lyonnaise a décidé d’investir 300 000€ par an pour mener à bien cette coopération qu’elle a mis en place avec la Fondation de l’Abbé Pierre et l’ONG lyonnaise « Villes en transition ». Les deux associations contribuent chacune à hauteur de 90 000 € à ce programme et travaillent sur place en partenariat avec la ville de Tinca et l’ambassade de France à Bucarest.  Comme quoi, « Les hommes de bonne volonté » émaillent encore le territoire…

Véronique Pierron

Pour aller plus loin :

Le « guide pratique » de Christian Estrosi

Interview de Manuel Valls   (BFMTV et RMC)

Interview de Christian Estrosi (JDD)

La Fondation de l’Abbé Pierre (site officiel)

L’ONG lyonnaise « Villes en transition"

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