Le gouvernement resserre les rangs autour de Jouyet

vendredi 14 novembre 2014

Voilà un gouvernement à nouveau embourbé dans d’insondables cafouillages. Cette fois, c’est la polémique Jean-Pierre Jouyet qui enfle au moment même où un autre couac s’est matérialisé ce matin avec l’affirmation du secrétaire d’Etat au budget Christian Eckert qui n’écartait pas ce matin une hausse des impôts en 2015, contredisant ainsi les promesses mêmes du Président de la république. Dans l’affaire Jouyet-Fillon, la droite joue les demoiselles effarouchées mais semble oublier que le fond de l’histoire se résume quand même à François Fillon qui selon les journalistes du Monde Fabrice Lhomme et Gérard Davet, aurait demandé à Jean-Pierre Jouyet lors d’un déjeuner, de « taper vite » sur Nicolas Sarkozy pour le pas « le laisser revenir ». Puis après un démenti, le secrétaire général de l’Elysée est revenu sur ses dires, affirmant que François Fillon lui avait bel et bien parlé du dossier Bygmalion et du paiement des pénalités liées à l'invalidation des comptes de campagne de l'ancien président.

 Mais le gouvernement a décidé de resserrer les rangs autour du secrétaire général de l’Elysée et de le soutenir. C’est Manuel Valls qui a ouvert les marques de soutien lorsqu’à l’issu du Conseil des ministres, il a ostensiblement serré la main de Jean-Pierre Jouyet devant les photographes. Hauts cris à droite qui crie au complot. « Pensez-vous sérieusement que M. Jouyet ait pu agir de la sorte sans avoir reçu les instructions du président de la République ? », a déclaré Christian Jacob, président du groupe UMP au Palais-Bourbon. « M. Jouyet a commis une véritable forfaiture: nous demandons solennellement sa démission ». François Fillon ne s’en sort finalement pas si mal puisqu’il a reçu le soutien unanime du groupe UMP qui s’est réuni lui aussi mercredi matin et devant lequel l’ancien premier ministre a crié à la « machination ».

Les frondeurs tirent à vue

Interpelé sur l’affaire, Manuel Valls a rappelé qu’elle concernait les comptes de l’UMP lors de la campagne de 2012 et a ajouté à l’attention des journalistes : « Vous voulez m'entraîner dans les polémiques à partir d'amalgames dans lesquels je n'entrerai pas ». Puis c’est au tour du porte parole du gouvernement, Stéphane Lefoll de déclarer : « Il est secrétaire général de l’Elysée et il le reste » avant d’ajouter : « la justice est saisie et elle fera son travail, cela concerne d'abord l'UMP ». Ségolène Royal  qui connait Jean Pierre Jouyet depuis 35 ans y a été, elle aussi, de son soutien  en déclarant que cet ami proche de François Hollande était « bien sûr » soutenu et a ajouté : « C'est un homme qui a des valeurs et voilà il avance, il est au travail sereinement ». Elle a ensuite demandé aux journalistes de passer à d’autres sujets  en argumentant que « Les Français sont quand même un peu surpris du temps passé sur des sujets qu'ils ne comprennent pas bien, les polémiques violentes qui sont incompréhensibles alors qu'il y a tellement de choses importantes à faire ».

A gauche toujours enfin, les frondeurs ne se sont pas gênés avec une première remarque de l’ex ministre de la culture Aurélie Filippetti qui n’a pas été tendre avec Jean-Pierre Jouyet  sur France 3 en déclarant que c’était « au mieux, de la maladresse, au pire, de l'inconséquence et de la négligence, que nous en sommes arrivés là » et a ajouté : « Je regrette qu'aujourd'hui les conseillers du président (...), des fonctionnaires qui ne sont pas des élus, parlent aux journalistes ».

Véronique Pierron

Pour en savoir plus :

L’affaire Jouyet-Fillon (Le Monde)

Dossier Bygmalion (Marianne)

Aurélie Filippetti (Le Point)

 

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