Christiane Taubira accusée d’avoir proposer un poste à un magistrat pour l’évincer

vendredi 7 février 2014
AP

Nouvelle « affaire » ? Quoiqu’il en soit, François Falletti, 64 ans, nommé par la droite en 2010 procureur général près la cour d’appel de Paris, a été reçu le 27 janvier dernier par la direction du cabinet de la ministre où un poste général à la cour de cassation lui a été proposé. Il l’a refusé. Pas de quoi fouetter un chat. La ministre avait expliqué que le procureur général qui devait partir à la retraite dans un an et demi, s’était vu proposé un poste prestigieux qui lui aurait permis de rester plus longtemps dans la fonction.

Mais l’affaire se corse lorsque François Falletti a adressé mardi une lettre à la ministre de la justice avec copie au Conseil supérieur de la magistrature (CSM), que le Canard Enchainé a révélée. Le procureur général y dénonce une « tentative d'éviction » et il souligne aussi que sa femme qui l’accompagne dans tous ses déplacements parce qu’il est non voyant n’a pas été autorisée à assister à l’entretien.  Toutefois, il a fallu huit jours à François Falletti pour donner via cette lettre, son « interprétation » à cet entretien. Madame Taubira énervée, a affirmé avoir pris connaissance de la lettre dans la presse avant même de l’avoir reçue. « S'il y a une question sur les méthodes, ce n'est certainement pas sur les miennes », s’est-elle irritée.

Sûr de lui et de son interprétation, M. Falletti a confirmé qu’il lui avait été demandé « avec insistance » de rejoindre la Cour de Cassation car la Chancellerie souhaitait à la tête du parquet général un magistrat « qui partage la sensibilité de la Place Vendôme » pour lâcher ensuite : « Cela m'a retourné ». L’Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), a aussi réagi en s’indignant que « cette nouvelle marque de mépris pour l'indépendance de la magistrature ne peut qu'inquiéter » mais a tout de même déploré la « récupération pathétique par certains UMP du cas Falletti ».  Toujours dans la mesure, Jean-François Copé avait lancé : « Cela s'appelle un scandale d'Etat! ». Toutefois, plus mesuré, le Syndicat de la magistrature (SM), classé à gauche et considéré comme proche de Christiane  Taubira a fait savoir dans un communiqué que si les faits s’avéraient réels, ils mettraient en exergue « l’insupportable dépendance du ministère public vis-à-vis du pouvoir exécutif ». Puis les syndicats d’une même voix ont profité de cette « affaire » pour dire qu’ils réclamaient « depuis des lustres une réforme du statut des magistrats du parquet afin de mettre leur carrière à l'abri des pressions, qu'elles soient politiques ou institutionnelles ».

Véronique Pierron

Pour en savoir plus :

Une réforme du statut des magistrats du parquet (Sénat)

 

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