OGM : l'Autorité européenne rejette l'étude Séralini

lundi 8 octobre 2012

L'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a tranché jeudi, en rejetant "en l'état" l’étude choc de Gilles-Eric Séralini, la jugeant "inadéquate" et "insuffisante". Les résultats de cette étude sur deux ans publiée dans la revue Food and Chemical Toxicology avaient eu l’effet d’une bombe le 19 septembre dernier : l’équipe du professeur de biologie moléculaire à l’université de Caen Gilles-Eric Séralini a en effet mis en évidence des risques accrus de développement de tumeurs par des rats consommateurs, à des niveaux inférieurs aux limites officiellement considérées sûres, de ce maïs GM ainsi que d’un herbicide contenant du glyphosate (RoundUp) de Monsanto.

Même à faible dose, l’OGM en question se révèle fortement toxique voire mortel pour les rongeurs. Or c’est ce même OGM que l’on trouve dans nos assiettes, dans la viande les œufs ou encore dans le lait.

Une étude aux qualités scientifiques douteuses ?

D’après les premières constations de l’Autorité européenne de sécurité des aliments, la qualité scientifique de l’article en question ferait défaut, ce qui le rendrait invalide : "La conception, le système de rapport des données et l'analyse de l'étude, tels que présentés dans le document, sont inadéquats" peut-on lire dans le rapport préliminaire. "Les nombreuses questions relatives à (…) l'étude impliquent qu'aucune conclusion ne peut être tirée au sujet de l'occurrence des tumeurs chez les rats testés".

Les critiques de l’EFSA portent surtout sur une taille d'échantillon jugée insuffisante, sur l'utilisation de rats connus pour développer facilement des tumeurs cancéreuses, sur une composition floue dans l'alimentation de ces rongeurs et sur le manque d'analyses statistiques.

L’EFSA a donc demandé des informations complémentaires aux auteurs de l’étude. « Sans ces éléments, il est peu probable qu'une étude se révèle fiable, valide et de bonne qualité", a soutenu Per Bergman, qui a dirigé les travaux. Gilles-Eric Séralini a déjà fait savoir qu'il ne donnerait des données supplémentaires que sous certaines conditions.

Séralini riposte


Le Pr Séralini a expliqué vendredi à l'agence de presse Sipa qu'il ne fournirait, "sur un site public", ces données, également réclamées en France par le Haut conseil des biotechnologies (HCB), que si l'EFSA dévoile elle-même les données ayant permis l'autorisation de la commercialisation du maïs OGM NK603 et du Roundup. Le professeur de biologie moléculaire s’est également expliqué sur les grandes lignes de l’étude qu’il a menée dans le magazine Reporterre.  

Dans ce contexte, le rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, l'Anses est attendu d'ici la fin du mois d’octobre.

D'ici là, l'EFSA rendra publique une seconde analyse de l'étude Séralini, qui prendra en compte les réponses potentielles des chercheurs à ses questions.

Susie Bourquin

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