Les maires veulent un échelonnement de la baisse des dotations

mercredi 4 mars 2015

Les maires de France éprouvent un profond sentiment d’injustice. C’est en tous les cas le message que l’association des maires de France (AMF) veut faire passer au premier ministre lorsque ses représentants lui demanderont, jeudi, un report de deux ou trois ans de la baisse drastique de dotation aux collectivités locales annoncées par le gouvernement. Ce dernier est en effet acculé par Bruxelles à faire d’autres économies d’échelles.  L’AMF a baptisé cette rencontre de « conférence d’urgence sur les finances locales » ou selon son président, François Baroin, il s’agit de « faire un point sur le désastre en train de s'organiser avec la décision unilatérale de baisser de 30% nos dotations ». Il explique aussi que cette baisse produit « un effet de souffle que nous commençons à sentir dans nos budgets ».

« Le désastre est proche »

Que veulent les maires ? « Un allongement du calendrier, c’est le strict minimum », plaide François Baroin avant de préciser « de deux ou trois ans ».  Mais bien entendu le sénateur-maire de Troyes  entend aussi rediscuter du « volume de la baisse ». Si le gouvernement met en œuvre cette baisse sans échéancier, le désastre est proche selon le président de l’AMF qui prédit qu’  « environ un millier de communes ou d'intercommunalités en 2015 peuvent basculer dans le rouge et donc être dans une situation de passer sous tutelle de l'Etat [via les préfet] et sans doute bien plus en 2016 ».  « La marche de contraction financière à digérer est inatteignable », explique François Baroin qui rappelle les 3,7 Md€ de baisse en 2015 qui seront réitérés en 2016.  D’où un sentiment de profonde injustice car comme se défend le président de l’AMF : « Le bloc communal n'est responsable que de moins de 4% de la dette publique nationale, il contribue pour 64% à l'investissement public local or c'est à lui que l'on demande de porter 58% de l'effort demandé aux collectivités locales ». « 80% du problème de déficit français, c’est l’Etat », s’indigne-t-il encore.

60 à 70 000 emplois menacés

Puis François Baroin agite l’épouvantail de la perte d’emploi notamment dans le BTP que ces restrictions vont entrainer. Pertes qui pèsent sur « 60 à 70 000 emplois dans le BTP » d’ici 2017 à cause de la baisse de la commande publique. Il rappelle aussi les 8 000 postes déjà détruits dans le secteur en 2014. Les élus espèrent à l’occasion de cette réunion obtenir « une méthode et un calendrier, nous ne voulons pas aller jusqu'au bras de fer », précise André Laignel, secrétaire général de l’AMF et maire d’Issoudin dans l’Indre.  Puis quelques menaces tout de même car si le premier ministre n’accédait pas aux demandes des élus locaux, André Laignel prévient que les actions à venir n’auraient pour limites que celles « de l’imagination et du sens des responsabilités ». D’ailleurs des maires de communes rurales  ont déjà évoqué « une grève de l'état civil », précise François Baroin ou une marche vers Paris ceints d'une « écharpe noire ».

Véronique Pierron

Pour en savoir plus :

La baisse drastique de dotation aux collectivités locales (Le Monde)

8 000 postes déjà détruits dans le BTP en 2014 (L'Opinion)


 

 

 

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