Nathalie Kosciusko-Morizet démissionne du gouvernement

mercredi 9 mai 2012

Née le 14 mai 1973 à Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet est issue d’une lignée de politiciens. Son père, François Kosciusko-Morizet, est maire UMP de Sèvres et vice-président du Conseil général des Hauts-de-Seine, son grand-père, gaulliste, était ambassadeur de France à Washington, et son arrière-grand-père était sénateur-maire SFIO de Boulogne-Billancourt. Diplômée de Polytechnique en 1992, elle se spécialise en biologie et intègre l’École nationale du génie rural, des eaux et des forêts (Engref).

 

En 1997, elle entre à la direction de la prévision du ministère de l’Économie, des Finances et de l'Industrie. Deux ans plus tard, elle devient conseillère commerciale à la direction des relations économiques extérieures du même ministère. En 2001, elle fait un détour par le secteur privé comme conseillère auprès du directeur de la stratégie d’Alstom.

 

Remarquée par le président de la République Jacques Chirac, elle entre au cabinet de Jean-Pierre Raffarin comme conseillère technique pour l'écologie et le développement durable en mai 2002. Elle est en particulier la rapporteur de la charte de l'environnement, qui inscrit le principe de précaution dans la constitution française.

 

À 29 ans, Nathalie Kosciusko-Morizet devient aussi la benjamine de l'Assemblée nationale. Placée suppléante aux législatives de 2002 dans l’Essonne par Jean-Pierre Raffarin, elle prendra la place du député Pierre-André Wiltzer alors que ce dernier sera nommé ministre au lendemain des élections. En mars 2004, la députée est élue conseillère régionale UMP pour la région Île-de-France. Son mandat est marqué par son absentéisme, une enquête du Parisien révélant que l’élue ne rejoint qu’une seule fois l’hémicycle régional en 2005. Depuis 2007, elle est également maire de Longjumeau.

 

L’écologiste de l’UMP

 

Après avoir fait campagne pour Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet est nommée, le 19 juin 2007, secrétaire d'État auprès de Jean-Louis Borloo, ministre en charge de l'Écologie dans le gouvernement Fillon. Là, elle se distingue pour sa compétence sur les questions environnementales, et défend des dossiers peu connus comme la baisse de la fertilité humaine liée aux polluants chimiques. Plusieurs organisations écologistes reconnaissent son engagement. « Elle a été celle qui a fait monter le dossier environnement au sein de la droite », témoignait ainsi Arnaud Gossement, de France Nature Environnement dans Libération, 16 janvier 2009.

 

En avril 2008, la secrétaire d'État se fait remarquer quand elle laisse voter à l'Assemblée nationale un amendement déposé par le communiste André Chassaigne, destiné à limiter la culture des OGM. Critiquée par son parti, elle fustige un « concours de lâcheté et d'inélégance » entre  son ministre de tutelle, Jean-Louis Borloo, et Jean-François Copé, alors président du groupe UMP de l'Assemblée nationale.

 

Sa punition sera d’être reléguée au secrétariat d'État à l'économie numérique, le 15 janvier 2009. En charge du développement du numérique, elle passe de la théorie à la pratique et devient la geek du gouvernement. Sur son blog, elle propose des accès vers ses comptes Facebook, Dailymotion, etc. En janvier 2012, elle peut se targuer d’avoir 110 000 suiveurs sur Twitter. Si elle gagne plusieurs arbitrages en faveur du numériques, de nombreux acteurs du secteur lui reprochent cependant de ne pas avoir pris position sur la loi Hadopi qui pénalise le téléchargement illégal.

 

En novembre 2010, elle fait un bond dans la hiérarchie gouvernementale et devient la ministre de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement. Son ministère perd cependant le secteur clé de l’Énergie, qui retourne aux Finances et à l'Industrie.

 

Son crédit écologiste fait alors les frais du bilan du Grenelle de l’environnement. Pour de nombreuses organisations environnementalistes, le Grenelle a accouché d’une souris. La mise en oeuvre de la loi Grenelle 2 marque en particulier un recul par rapport au projet initial, comme le décret excluant les émissions indirectes du bilan de gaz à effet de serre des entreprises (qui peuvent représenter jusqu’à 80 % des émissions totales). D’autres mesures prises par le gouvernement - comme le décret permettant une augmentation des rejets de nitrates – sont épinglées par les écologistes comme « anti-Grenelle ».

 

Nathalie Kosciusko-Morizet maintient en revanche sa position sur les OGM en assurant l’adoption d’un nouveau moratoire sur le maïs transgénique Mon 810 suite à l’invalidation du précédent moratoire par le Conseil d’État en décembre 2011. Concernant la sûreté de l’énergie nucléaire, mise en débat en France depuis l’accident de Fukushima au Japon, la ministre de l'Écologie acte la demande de l’Agence de la sûreté nucléaire de la nécessité de renforcer la sécurité des centrales françaises : « En matière de sûreté nucléaire, il n’y a pas de balance coût/bénéfice. Le risque est infime, mais si la catastrophe survient, les conséquences en sont incalculables », déclarait-elle dans un entretien au Monde du 4 janvier 2012.

 

Des ambitions présidentielles

 

Si sa critique publique contre des membres de son gouvernement ou son engagement écologiste en avaient fait une figure politique décalée pour les médias, son ascension politique témoigne plus du parcours sans faute d’un animal politique. Sa carrière dans l’appareil de l’UMP en témoigne, alors qu’elle est, depuis le 28 mars 2008, secrétaire générale adjointe du parti présidentiel.

 

Dans la campagne pour les élections présidentielles 2012, elle affiche son soutien inconditionnel au Président Nicolas Sarkozy. Partisane de l’organisation de primaire à droite en 2016, elle ne cache en revanche pas ses ambitions pour la suite. En sortant en juin 2011 un ouvrage intitulé « Le front-antinational », elle se positionne sur l’échiquier politique. Son livre propose une condamnation méthodique du FN, une attaque en creux contre la droite tentée par un rapprochement avec le parti d'extrême droite. « La dernière partie de l'ouvrage ressemble fort aux premiers pas d'une (future) candidate, qui pourrait incarner un "centre droit" », commente Abel Mestre dans Le Monde du 27 juin 2011.

 

Son blog : http://nkm-blog.org

Laisser un commentaire