Ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie : Qui est Ségolène Royal?

lundi 14 avril 2014
AP

Vingt-deux ans après l’avoir été pour la première fois dans le gouvernement Bérégovoy, Ségolène Royal redevient ministre de l’environnement. Un portefeuille qu’elle connait bien. A cette époque, François Hollande espérait lui aussi un portefeuille, il ne l’a pas obtenu car François Mitterrand estimait impensable de nommer un couple de ministres. Aujourd’hui, il est président de la République et elle est son ministre. Sept ans plus tôt en 2007, elle était candidate à l’élection présidentielle, il était son compagnon. Les magazines people en font déjà des gorges chaudes : « Et si le couple se réconciliait ? ». Mais Ségolène Royal prend les choses avec bien plus de hauteur en acceptant avec sérieux et bonheur aussi, sa nouvelle nomination après une longue période d’échec et de frustration. Elle s’est déclarée « très honorée » de cette nomination dans un « ministère majeur pour le redressement du pays ». « En même temps je connais l'exigence que cela appelle (...) pour le redressement du pays et les créations d'emplois qui vont avec, a-t-elle ajouté. C'est un ministère que je connais bien puisqu'en 1992, j'ai déjà été ministre de l'environnement. Et puis vous savez la façon dont la région était engagée sur l'excellence environnementale (...) Ce qui est important, c'est de lier les discours aux actes ».

Ségolène Royal est comme le Sphinx qui renait de ses cendres. Battue, fragilisée après son échec aux élections présidentielles de 2007, elle sombre dans une période dépressive avant de se relever et de repartir au combat avec une nouvelle sérénité. Mais peut être a-t-elle appris la combativité dans son enfance ? Ségolène Royal est en effet issue d’une famille de militaire. Son père Jacques Antoine Royal (1920–1981) est lieutenant-colonel d'artillerie de marine et est souvent muté avec sa famille dans les nombreuses bases françaises que comptent encore la planète. Elle-même nait le 22 septembre 1953 à Ouakam près de Dakar au Sénégal qui fait encore parti de l’Afrique Occidentale française.  Les huit enfants de la famille Royal sont élevés à la dure. Le frère de Ségolène, Antoine né seize mois après elle, confiait : «  Nous n'avions pas droit au chauffage dans les chambres, la toilette se faisait à l'eau froide. Nous devions réciter la prière du matin, le bénédicité avant les repas. Tenue impeccable à table. Pas de dessert et, d'ailleurs, pas de sucreries ». Le père est un autocrate qui règne en maître sur sa famille et considère ses filles comme partie négligeable. On lui prête ces propos : « J'ai cinq enfants et trois filles ». Les filles n’ont pas leur mot à dire dans ce monde. Elles sont éduquées pour devenir des épouses modèles et suivent des cours de catéchisme, de musique et de couture. Dans cet univers, la petite Ségolène devient très vite une élève très studieuse car elle espère par l’école, échapper au destin auquel son père la destine.

Face à l’autocratie paternelle, les enfants se rebellent par la fuite. Les filles montrent une soumission de surface et vivent leur vie dans le dos de Jacques. Parmi les frères, Gérard est le premier à s’engager dans l’armée, lui qui paraissait jusqu’alors être « le plus soumis » de tous comme le disent ses frères. Il va bientôt rejoindre la DGSE. C'est lui qui, en 1985, conduira le bateau qui mène les deux agents secrets Dominique Prieur et Alain Mafart, chargés des repérages sur le bateau de Greenpeace, en Nouvelle-Zélande. Ségolène Royal, qui ignore son implication dans ce qui va devenir une affaire d'Etat, est alors conseillère à l'Elysée...

La mère se révolte à son tour. Elle ne supporte l’autorité de son mari et menace de partir. Jacques Royal pour la provoquer et la remettre dans le droit chemin ne trouve pas mieux que de lui envoyer un huissier qui lui signifie une demande de séparation. La pauvre femme se fait humilier en public. « Elle s'est enfuie à vélo, sous la neige », a confié en mars 2004, Ségolène Royal au  journal Le Monde. Elle ne reviendra pas et les enfants rompent aussitôt toute relation avec leur père. Ce dernier refuse désormais de subvenir aux besoins de sa famille, femme et enfants. Ségolène, qui fait des études supérieures de droit à l'université Nancy II  assigne son père en justice. Dans la biographie que Daniel Bernard fait d’elle en 2005, « Madame Royal » (Ed Jacob Duvernet), elle se confie : « Pour les juges, c'était incongru d'attaquer ainsi un officier, qui plus est titulaire de la Légion d'honneur ». Après des années de procédure, elle obtient gain de cause.

Au lieu de la briser, ces années d’enfance difficiles ont forgé la future candidate au combat. Après une licence en droit, elle entre à l'Institut d'études politiques de Paris dont elle sort diplômée en 1978.  Après une première tentative infructueuse, elle intègre ensuite l'École nationale d'administration et retrouve dans sa promotion, des hommes et des femmes qui marqueront les futures années politiques de la France : son futur compagnon et père de ses quatre enfants François Hollande, Dominique de Villepin, Renaud Donnedieu de Vabres, Henri de Castries, Michel Sapin, Frédérique Bredin, Jean-Marie Cambacérès ou encore Pierre Mongin. Au sortir de l’ENA, elle choisit un poste de juge au tribunal administratif de Paris. Mais en 1994, par le jeu des équivalences de diplôme, elle devient avocate au barreau de Paris et siège en même temps à l’Assemblée Nationale et au conseil général des Deux-Sèvres.

Entre temps la dame prend le temps de faire quatre enfants : Thomas né le 16 novembre 1984 est avocat, Élise Clémence née le 28 juin 1986 interne en médecine en Gastro-entérologie et hépatologie, Julien né le 22 décembre 1987 est cinéaste, et la cadette Flora arrivée le 1er juillet 1992 est étudiante en psychologie. On se souvient que lorsque Flora nait, Ségolène est ministre de l’environnement dans le gouvernement Bérégovoy. Elle a 38 ans et déjà mère de trois enfants. Elle décide de médiatiser cette naissance en  faisant notamment venir les journalistes de TF1 et d'Antenne 2 dans sa chambre d'hôpital. Elle fait aussi la couverture de Paris Match et souhaite ainsi prouver que les femmes peuvent concilier maternité et responsabilités au plus haut niveau. Mais cet épisode suscite un débat sur la séparation entre vie publique et vie privée.

 

Carrière politique

Elle adhère au parti socialiste en 1978 et Jacques Attali la remarque alors qu’elle est conseillère de tribunal administratif en disponibilité. Cette rencontre la propulse de 1982 à 1984 comme chargée de mission au secrétariat général de la présidence de la République pour suivre les questions axées sur la jeunesse et les sports. Puis François Mitterrand lui confie entre 1984 et 1988, les affaires sociales et l’environnement. Entre temps, en 1983, elle souhaite se présenter sur la liste du maire de Villiers-sur-mer où réside sa mère mais le maire refuse et elle rejoint la liste d’Union de la gauche de Trouville-sur-mer à quelques kilomètres de Villiers. Sa liste est battue et Ségolène Royal devient alors conseillère municipale d’opposition. Puis lors des élections législatives de 1986, elle essuie un nouveau refus à sa candidature de la part des socialistes bas normand, notamment celui de Louis Mexandeau. Ce nouveau refus la pousse à démissionner du conseil municipal de Trouville pour chercher une nouvelle implantation politique.

C’est à François Mitterrand qu’elle demande cette intronisation. La scène est onirique. On est, le 21 mai 1988, au Palais de l’Élysée où M. François Mitterrand vient d’être intronisé président de la République pour un second mandat consécutif. Une caméra officielle le suit en train de passer lentement devant une haie d’invités dont il serre tour à tour les mains, quand il est soudain interpellé par une jeune femme. C’est Ségolène Royal qui choisit ce moment pour le presser de faire quelque chose pour qu’elle puisse se présenter dans une circonscription aux prochaines élections qui ont lieu dans 15 jours. Il s’ensuit un échange surréaliste. Le président, mécontent, la rabroue : « C’est trop tard ! Vous auriez pu y pensez avant ! - Je n’ai pas pu le faire plus tôt, répond du tac au tac la postulante. « - Vous avez des idées qui vous viennent bien tard, » réplique en substance le président, outré d’être pressé en un moment aussi solennel. Il retourne vers elle un visage réprobateur, tout en poursuivant son chemin. Pourtant, le Président s’exécute et lui fait attribuer une circonscription dans le département des Deux Sèvres. Le candidat désigné avant elle, est obligé de devenir son suppléant mais Ségolène se fait élire, de justesse certes, mais en 15 jours dans un bastion de Droite. Et ce n’est pas tout car François Mitterrand visiblement impressionné par la combativité de la dame, accorde une subvention de 50 millions de francs aux communes du Marias Poitevin des Deux-Sèvres dans la circonscription de Ségolène Royal. Elle la conservera jusqu’en 1993.

 

L’entrée au gouvernement

Le 3 avril 1992, Ségolène entre au gouvernement de Pierre Bérégovoy et devient ministre de l’environnement. Pendant ce premier ministère jusqu’en 1993, elle fait voter trois lois. La première en juillet 1992 porte sur le traitement et le recyclage des déchets avec un soutien aux technologies innovantes pour leur traitement et leur collecte. La seconde en décembre 1992 s’attaque aux nuisances sonores avec la prévention du bruit des transports, dans les bâtiments publics et sur les lieux de travail. Enfin, la dernière part à la « reconquête des paysages » en janvier 1993.

Elle n’est bien entendu pas reprise comme ministre dans le gouvernement de cohabitation d’Edouard Balladur.  Elle redevient députée des Deux Sèvres, mandat dont elle avait dû démissionner à son entrée dans le gouvernement Bérégovoy.

Elle revient le 4 juin 1997 dans le gouvernement Jospin où elle est ministre déléguée à l’enseignement scolaire auprès du ministre de l’Education nationale Claude Allègre. Durant ce second ministère, elle s’occupe d’aider les enfants défavorisés ou en difficulté scolaire avec la relance des zones d’éducation prioritaires, la création de fonds sociaux pour les élèves comme le fonds social pour les cantines scolaires, la création des heures de soutien scolaire ou encore la création des classes et des premiers internats-relais. Elle lance aussi des initiatives telles que le contrat éducatif local et les itinéraires de découverte au collège. En 1997, elle signe une circulaire concernant la lutte contre la pédophilie, dite circulaire Royal.

D’ailleurs la défense des enfants et la lutte contre les violences à l’école occupe une bonne partie de son temps de ministère et en juin 1998, la loi relative à la prévention et à la répression des infractions sexuelles ainsi qu'à la protection des mineurs est votée. La loi contre le bizutage en juin 1998 fera grand bruit. Enfin, dans le domaine de la santé, elle entreprend de revaloriser le rôle des infirmières scolaires et rend disponible gratuitement la pilule du lendemain dans les lycées.

Ensuite, elle change deux fois de ministère et devient le 27 mars 2000, ministre déléguée à la famille et à l’enfance auprès de la ministre de l'Emploi et de la Solidarité, Martine Aubry puis Élisabeth Guigou. Et du 28 mars 2001 au 5 mai 2002, elle est ministre déléguée à la Famille, à l'Enfance et aux Personnes handicapées auprès de la ministre de l'Emploi et de la Solidarité, Élisabeth Guigou. Il en sortira des textes de loi notables comme la réforme de la loi sur l'autorité parentale et de l'accouchement sous X et la création du Conseil national d'accès aux origines personnelles (CNAOP) et du congé de paternité.

 

La présidente du Conseil régional de Poitou-Charentes

Ce poste va avoir une importance particulière dans la carrière politique de Ségolène Royal car il va lui permettre de réaliser des choses très concrètes. Le 2 avril 2004, elle devient présidente du conseil régional de Poitou-Charentes et la liste qu'elle conduisait l'emporte avec 55,10% des voix au second tour. A ce poste, elle fait de l’éducation une de ses priorités. Elle crée dans tous les lycées de la région des budgets participatifs, d'une enveloppe annuelle de 10 millions d'euros. Les assemblées de ces  budgets sont composées de lycéens, personnels et parents d'élèves, le nombre de participants y est en constante augmentation depuis 2005, pour atteindre 17 660 personnes dont 14 940 lycéens sur la période 2008-2009. La région aide également les jeunes titulaires d'un CAP ou d'un bac pro à passer leur permis de conduire en finançant une partie ou jusqu'à la totalité. L'objectif étant de faciliter l'accès à l'emploi pour ces jeunes. Poursuivant son travail pour aider les femmes, la région créé un fonds social régional pour assurer la gratuité d'accès à la contraception pour les jeunes filles des lycées professionnels et des centres de formation des apprentis de Poitou-Charentes. À l'automne 2009, elle annonce la création du passe-contraception pour lutter contre les grossesses précoces : ce passe permet à toutes les jeunes filles de consulter un généraliste, faire des analyses et obtenir un moyen de contraception, le tout gratuitement.

Sur le plan économique, la région met en place une charte d'engagements réciproques qui engage les entreprises touchant des aides de la région à ne pas délocaliser, à ne pas licencier si elles font des bénéfices et à respecter la loi en matière d'environnement. En 2005, les 182 chartes signées auraient créé 832 emplois et permis 1 415 formations. Ségolène Royal  soutient aussi les programmes de recherche appliquée avec une enveloppe de 10 millions d'euros et utilise les commandes publiques pour soutenir des « productions locales d'excellence » comme les installations pour les énergies renouvelables.

Elle met en place les « bourses tremplins » pour l'emploi qui auraient participé à la création de 2 000 entreprises dont la moitié pour les jeunes et les « emplois tremplins » pour les jeunes qui en deux ans auraient créé 2 900 emplois dont 1 560 dans le secteur associatif. En parallèle, elle favorise le développement des « comités de bassins d'emploi » mais aussi l'accompagnement des salariés licenciés par la mise en place du Contrat régional de sécurisation des parcours professionnels qui permet à un salarié dans cette situation de lui garantir plus de 90% de son salaire net antérieur pour une durée maximale de 18 mois à la condition que ce dernier s'engage dans une formation professionnelle qualifiante. Elle accorde aussi des aides pour les projets de reprise d'entreprises par les salariés ou par un repreneur. Enfin, elle met en place une aide pour les jeunes agriculteurs - 35 installations ont été aidées en 2005 - et à la production agricole de qualité et respectueuse de l'environnement soit 687 exploitations ayant bénéficié des Contrats régionaux d'exploitation en 2005.

Pour l’écologie, autre grande cause de Ségolène Royal, la région Poitou-Charentes se veut à la pointe et la présidente du Conseil Régional lance le 27 février 2009  avec la Banque européenne d'investissement, le « Plan énergie solaire » de plus de 400 millions d’euros d’investissements pour la période 2009-2012, une grande première en Europe. Ce plan est financé par moitié par la Banque européenne d’investissement et les caisses régionales du Crédit agricole. Les principales priorités de ce plan sont le développement de la production d’énergie renouvelable avec l’installation de 650 000 m2 de panneaux photovoltaïques, le renforcement de l’autonomie énergétique des territoires, la création de 1 000 emplois sur l’ensemble du territoire régional, la constitution d’une véritable filière énergie solaire en région et la réduction des gaz à effet de serre. L'objectif pour 2012 est de produire plus de 73 gigawattheure d’électricité solaire dans la région, ce qui représente la production nationale en France pour l'année 2007 pour ce type d'énergie. Par ailleurs la région est en parfaite adéquation avec les objectifs fixés par l’Union européenne de 20% d’énergie renouvelable en 2020.

Dans cette mouvance, le 2 septembre 2009, Ségolène Royal inaugure le lycée Kyoto, d'une superficie de près de 16 500 m2 et d'une capacité de 500 élèves et apprentis, il s'agit du premier établissement scolaire d'Europe à fonctionner exclusivement avec des énergies renouvelables via la production de chaleur par rayonnement solaire, production électrique par panneaux solaires photovoltaïques, et non avec des énergies fossiles, à l'origine de production de gaz à effet de serre. L'économie réalisée par rapport à un établissement ordinaire est estimée à 400 tonnes de CO2 ainsi qu'une baisse de 30% des consommations en eau et en énergie. Il possède notamment des toitures végétalisées qui renforcent son isolation, un système de récupération des eaux pluviales, une cuve pour stocker la chaleur, l'énergie solaire fournie par des panneaux photovoltaïques, l'utilisation du bois, des éclairages et équipements à faible consommation.

Autre fierté de la président Ségolène Royal, la région Poitou-Charentes est la seule région de France à ne pas avoir augmenté les impôts locaux entre 2006 et 2010, grâce à de nombreuses économies et à des suppressions de dépenses inutiles. Mais face à l'augmentation forte de certaines dépenses, « elle proposa fin 2012 une augmentation de la taxe régionale sur les « cartes grises » des véhicules qui a été source de polémiques.

Le 24 février 2010, L'Expansion publie le classement des présidents de conseils régionaux selon la qualité de leur gestion. Ségolène Royal figure en 17e position sur 21. Le magazine économique souligne que « la gestion de Ségolène Royal a été raisonnable sur les impôts mais moins sur les frais de personnels, les plus élevés de France », alors que Poitou-Charentes était classé 4e au début de son mandat, en 2004. Une hausse des frais de personnels qui peut s'expliquer en partie par le fait que pendant la période 2006-2008, le personnel de l'État travaillant dans les lycées est passé au statut d’agents régionaux.

 

Ségolène présidente

En 2006, le Parti socialiste organise une primaire pour choisir un candidat à l'élection présidentielle de 2007. Ségolène Royal se porte candidate tout comme Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn. Plusieurs sondages menés au début de l'année 2006 la placent en position de favorite pour cette investiture, ainsi qu'en vue de l'élection présidentielle. Le 16 novembre 2006, Ségolène Royal obtient 60,65% des voix contre 20,69% pour Dominique Strauss-Kahn et 18,66% pour Laurent Fabius. Elle est ainsi désignée dès le premier tour candidate du Parti socialiste. Pourtant, la présentation de son programme provoque des critiques et elle connait un grand recul dans les sondages  et les enquêtes réalisées par TNS Sofres montrent alors que les intentions de vote en sa faveur au premier tour passent de 34% au moment de sa désignation comme candidate à 25,5% au début du mois de mars 2007. Sans compter qu’elle doit affronter les intentions de vote en faveur du candidat centriste François Bayrou qui remontent jusqu’à être en passe de dépasser ceux en faveur de la candidate PS. Mais elle arrive finalement le 22 avril 2007 au second tour des élections présidentielles avec un score de 25,87% des suffrages mais perd au second tour contre  Nicolas Sarkozy en recueillant 46,94% des suffrages. Mais ce n’est pas cette défaite qui la démonte et elle apparait au soir de sa défaite, tout sourire devant ses partisans réunis devant le siège du Parti socialiste, et leur promet de les mener « vers d'autres victoires ».

Au cours de sa campagne électorale, les détracteurs de Ségolène Royal l’ont beaucoup attaquée sur des questions liées à son physique. On lui a ainsi reproché d’avoir fait une chirurgie esthétique, elle s’est fait remodeler le menton et aligné les dents. Ils l’ont attaqué aussi sur son style vestimentaire car habillée souvent en blanc, il lui a été reproché de vouloir adopter une position morale voir messianique. Ses gaffes ont aussi porté à la surenchère. Et notamment celle sur la bravitude – à la place de bravoure – lors d’un voyage en Chines lorsque devant la grande muraille, elle déclare « qui va sur la Grande Muraille conquiert la bravitude ».

Désormais sans mandat national, Ségolène Royal travaille à être la principale opposante à Nicolas Sarkozy et joue à la mouche du coche. Elle signe par exemple l'« Appel du 14 février » 2008 lancé par l'hebdomadaire Marianne, pour une « vigilance républicaine ». En avril 2009, en déplacement à Dakar, elle demande « pardon » pour certaines paroles du discours de Dakar prononcé par Nicolas Sarkozy en 2007. Une semaine plus tard, elle présente à nouveau ses excuses pour des propos désobligeants sur José Luis Rodríguez Zapatero attribués à Nicolas Sarkozy par Libération. Critiquée par l'UMP, elle est peu soutenue dans son propre camp.

 

La primaire socialiste pour l’élection présidentielle de 2012

Le 29 novembre 2010, dans les colonnes du journal La Nouvelle République du Centre-Ouest, Ségolène Royal annonce sa candidature à la primaire socialiste de 2011 en vue de la désignation du candidat PS à l'élection présidentielle de 2012. Dans les mois qui suivent, sa cote de popularité reste plus basse que celles de ses concurrents potentiels, Dominique Strauss-Kahn, Martine Aubry et François Hollande, et les intentions de vote en sa faveur ne progressent pas. Les médias estiment que son aura « ne cesse de décroître » depuis 2007 et que ses chances de gagner la primaire sont faibles, ses prises de position ne rencontrant plus guère d'écho et ses partisans se faisant de moins en moins nombreux au sein du Parti socialiste.

Elle ne renonce pas pour autant et Le 1er septembre 2011, elle présente son projet dans un livre intitulé « Lettres à tous les résignés et à tous les indignés qui veulent des solutions ». Elle y développe ses cinq priorités : faire de la France un pays d'entrepreneurs, faire de la France la première puissance écologique d'Europe, l'éducation, encore l'éducation, toujours l'éducation, faire des banlieues une partie essentielle de la solution, des solutions justes pour la sécurité. Mais elle est battue et n’arrive qu’en quatrième position à la primaire socialiste  le 9 octobre 2011, derrière Arnaud Montebourg, Martine Aubry et François Hollande. Avec 6,95 % des voix, elle est ainsi éliminée au premier tour et trois jours plus tard, elle annonce son soutien à François Hollande « pour amplifier le résultat du premier tour ».

 

Des prises de positions très tranchées

En 1989, Ségolène Royal entame un mouvement contre la violence à la télévision française. Pour elle, l’archétype de cette violence est l'animation japonaise qu’elle qualifie de « nulle, médiocre et laide ». 18 ans plus tard alors rencontre Mizuho Fukushima, la dirigeante du parti social démocrate japonais, elle lui déclare que le problème de la condition de la femme au Japon pourrait venir de l’impact des mangas et des dessins animés japonais « dans lesquels des femmes sont torturées ».  Mizuho Fukushima note qu’au sein du gouvernement certains craignent un refroidissement des relations franco-japonaises dans le cas où Ségolène Royal aurait été élue en 2007.

Elle prend à nouveau position quand en 2008, pendant les troubles au Tibet au printemps, Ségolène Royal s’exprime à plusieurs reprises sur le sujet et rencontre plusieurs personnalités tibétaines et même le Dalaï-Lama. Elle déclare alors son intention d’aller au Tibet dans les plus brefs délais et invite les autorités chinoises à ouvrir le dialogue avec les tibétains. On se souvient qu’en 2009 après la campagne victorieuse de Bark Obama, elle déclare que le président américain s’est inspiré de sa campagne. Elle affirme par la suite que c’était de l’humour.

Plus épineux pour son nouveau poste sa position su la taxe carbone en 2009 qu’elle avait qualifié d’impôt absurde, injuste, « un impôt historiquement décalé dans le temps », et surtout trop difficile pour les ménages les plus modestes. L'écologiste Nicolas Hulot avait alors estimé dans un livre que Ségolène Royal avait, à cause de cette déclaration, « torpillé la taxe et anéanti plusieurs mois de travail ». Enfin, cet été, la dame a repris du service dans la contestation en qualifiant la contribution Climat-énergie proposée par le gouvernement, d' « impôt supplémentaire ». Le projet proposait de lier partiellement les taxes sur les énergies polluantes à leur rejet de CO2.

Veronique Pierron

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