Un Manuel Valls pour affronter la fronde

mardi 2 septembre 2014
AP

Manuel Valls ne manque pas de talent et il a réussi à retourner – presque – son avantage, une salle qui au départ ne lui était pas favorable. C’est le moins que l’on puisse dire puisque dès l’entrée en scène du premier ministre dimanche lors de la clôture de l’université d’été de PS à la Rochelle, la salle est coupée en deux : applaudissements devant et sifflets derrière. C’est Laura Slimani, la présidente des jeunes socialistes qui lance les hostilités : « Cher Manuel, on ne peut pas se réjouir de la semaine qui s'achève » avant d’ajouter très applaudie que « la politique menée ne correspond pas à ce pour quoi nous avons été élus ».

Très calme, le premier ministre prend la parole : « Je comprends que beaucoup de nos compatriotes doutent, s'interrogent, formulent des propositions. Qu'au sein d'un parti, il y ait des interrogations, des débats, c'est normal, c'est sain. Mais attention au choix des mots, à la manière dont nous nous adressons les uns aux autres. Respectons-nous ! ». Mais l’évocation du Pacte de Responsabilité créé de nouvelles huées, circoncises par Manuel Valls qui interpelle la salle : « Quand il y a des sifflets sur l'idée de renforcer l'entreprise et l'emploi, quel message envoyez-vous aux Français ? ». Mais cherchant l’apaisement, il précise rassurant qu’il « n’y aura pas de remise en cause des 35 heures » avant d’ajouter « Il nous faut adapter le rythme de réduction des déficits à la situation économique au niveau de la croissance ».

Eviter les sifflements pour Macron en faisant applaudir Vallaud-Belkacem

C’est alors qu’il se déshabille presqu’entièrement de la tenue guerrière pour enfiler un habit de consensus et aborder des sujets qui rassemblent tous les socialistes, frondeurs ou pas. La nation, la citoyenneté, la laïcité, les inégalités. « Dans la République, il n'y a pas deux poids deux mesures, pas de citoyens de seconde zone ! » et ajoute « Au gouvernement non plus ». Il poursuit sur le même ton : « J'ai entendu, depuis quelques jours, de nombreuses réactions sur un jeune ministre qui venait d'être nommé, avant même qu'il n'ait eu le temps de faire ses preuves ». Ce jeune ministre est bien entendu Emmanuel Macron, le nouveau ministre de l’économie qui a suscité ces derniers jours, bien des commentaires sur son âge ou sur son passé jugé suspect de banquier chez Rothschild. Mais flairant le danger et de nouvelles huées de la salle à peine apaisée, Valls bifurque un peu sa trajectoire de tir et poursuit : « J'aurais aimé qu'à l'unisson nous nous félicitions davantage que la République ait su reconnaître les compétences, le travail, l'engagement, notamment en confiant pour la première fois à une femme, Najat Vallaud-Belkacem, cette lourde mission d'être à la tête du ministère de l'Education nationale ».  Malin Manuel.

Des militants qui au final apprécient

Si tout n’était pas gagné d’avance, les militants sont ressortis plutôt satisfaits du discours de Manuel Valls. Raphaël, un militant d’une vingtaine d’année commente : « On ressort plus uni que quand on est entrés » alors qu’un autre plus âgé assure qu’ « On a eu le discours d'un Premier ministre rassembleur. On a peut-être trouvé le grand monsieur qui nous manquait ». Pourtant rien n’est encore réglé car des sujets brûlants comme l’encadrement des loyers ou les seuils sociaux dans les entreprises n’ont pas été abordés. Encore du travail pour Manuel….

Véronique Pierron

Pour aller plus loin :

Pacte de Responsabilité (TF1)

Banquier chez Rothschild (Rue 89)

L’encadrement des loyers (RTL)

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