Taubira, égérie contre les extrémismes

jeudi 28 novembre 2013
AP

Christiane Taubira a reçu un accueil triomphal hier soir à la Mutualité. Et pour conjurer les rumeurs de divisions et de tensions, Manuel Valls y a été aussi de son vibrant hommage en déclarant sur sa relation avec Christiane Taubira : «Nous formons, je le dis, un beau couple » consacré à « l’état de droit ».  Cette déclaration d’amour républicain s’est faite devant un parterre de centaines de militants PS lors d’un meeting pour « défendre la République face aux extrémismes ».  Depuis les attaques racistes dont la ministre des Sceaux a été l’objet, elle est devenue le symbole de la lutte contre les extrémistes. Un rôle que Christiane Taubira enfile comme un vêtement sur mesure. On se souvient que l’hebdomadaire d’extrême droite Minute avait fait sa Une le 12 novembre dernier en qualifiant Christiane Taubira de « Maligne comme un singe ». Le journal faisait lui-même écho à un dérapage d'une candidate FN dans les Ardennes, Anne-Sophie Leclere, qui avait eu recours à une métaphore similaire, et devrait bientôt être exclue du FN. Matignon a saisi le procureur de la République devant ces « faits susceptibles de constituer une infraction d'injure publique à caractère racial ».

Devant la véritable ovation que lui ont réservée les militants réunis à la Mutualité, Mme Taubira souriante devant le micro a déclaré avec toute sa passion : « « Ils commencent par vilipender les apparences, ils commencent ainsi par la différence qu'ils voient et ils finissent par celle qu'ils imaginent. Et ils mettent tout le monde en danger » pour ensuite affirmer ne vouloir réserver dans son intervention que « deux minutes aux racistes, aux antisémites, aux xénophobes ».

Poursuivant son hommage à sa collègue, le ministre de l’intérieur a affirmé : « On veut nous opposer à chaque fois, c’est tellement facile… », avant d’ajouter : « Pour se battre pour la République, pour se battre pour nos valeurs et pour combattre ceux qui combattent la République, il faut une République forte et un état de droit. Et cet état de droit, nous l'incarnons tous les deux ».

Une salve d’applaudissement accueille à nouveau la ministre des sceaux qui, main sur le cœur, poursuit son vibrant discours : «  La nation n'est pas le bien de ces égoïstes compulsifs, elle n'est pas le bien de ces archaïques, elle n'est pas le bien de ces obsédés de l'ennemi ». Elle fustige alors ceux qui veulent remplacer le « patriotisme de fierté » par un « nationalisme de xénophobie ». « Voilà pourquoi, nous ne nous laisserons pas faire. Nous continuerons à leur barrer la route », a-t-elle martelé dans un vibrant plaidoyer en faveur de la République, et notamment de son école. Et dans cette salle où tous les esprits convergeaient vers cette idée cruciale de lutte contre le racisme et la xénophobie, c’est au final à une militante que l’on doit le mot le plus censé lorsqu’elle a déclaré au micro de l’AFP : « La politique n'est pas seulement un budget. C'est apprendre aussi le respect des autres ». Que rajouter d’autre ?

Véronique Pierron

Pour en savoir plus :

Attaques racistes contre Taubira (Libération)

La polémique Minute (Le Figaro)

 

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