Salué en Europe, le pacte de Hollande décontenance la droite et effraie la gauche

vendredi 17 janvier 2014
AP

Social-démocrate, c’est ainsi que s’est défini le président Hollande lors de sa troisième grande conférence de presse solennelle du quinquennat. Un virage – alors qu’il se disait encore socialiste en mai 2013 – qui répond à la nécessité de coller à l’annonce de son pacte de responsabilité et d’afficher une position offensive en direction des entreprises. François Hollande avait annoncé sa volonté d'exonérer totalement les entreprises du financement de la politique familiale, un allégement de charges évalué à quelque 30 milliards d'euros d'ici à 2017. Une annonce qui a reçu un accueil favorable de l’Allemagne, le nouveau chef de la diplomatie, le social-démocrate Frank-Walter Steinmeier, a salué des initiatives « courageuses ». Même louanges coté  Commission européenne qui jusqu’alors dubitative à l’égard de la politique économique du quinquennat, a parlé d’une « bonne nouvelle » et d’un pas « dans la bonne direction ». L’ancien président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Junker a même souligné que la France « était en train de bouger. Ce dernier est aujourd’hui candidat à la présidence de la Commission européenne en concurrence avec Michel Barnier.

La droite décontenancée, la gauche un peu effrayée

C’est l’opposition en France qui a été prise de cour devant ces annonces  et même Jean-François Copé a été obligé d’admettre : «quel est le député de l'opposition qui va être contre? », en évoquant bien sûr, les baisses de charges des  entreprises. Il a quand même glissé une mise en garde en insistant sur le fait que « le diable se cache dans les détails ».  Mais Jean-Pierre  Raffarin n’a pas fait la fine bouche et a estimé « bienvenu » son « changement de discours ». Reprenant le harnais politique qu’il avait lâché ces derniers mois, François Fillon de retour sur la scène a joué la critique en jugeant que le pacte de responsabilité de François Hollande n’était « qu’un slogan, une nouvelle usine à gaz ».

La gauche quant à elle a pris peur de ce tournant qu’elle juge un peu trop libéral.  Ainsi, la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann a reproché au président Hollande de s'aligner « sur des philosophies et des actions qui ont été menées depuis dix ans dans pas mal de pays de l'Union européenne et qui n'ont pas marché ». Pendant ce temps, jean-Luc Mélenchon a grogné contre « le coup de barre à droite le plus violent qu'on ait vu de la part d'un gouvernement de gauche depuis Guy Mollet ».  Mardi même à l’Assemblée Nationale, Jean-Marc Ayrault a joué les arbitres en demandant à l’opposition d’être au rendez-vous de ces réformes d’esprit social démocrate et s’est ensuite adressé à la gauche en la responsabilisant sur le fait que le gouvernement engagera sa responsabilité sur le pacte du Président Hollande.  Et dans un appel au rassemblement, le premier ministre a déclaré : « Pour moi, la gauche quel que soit son nom, qu'elle soit socialiste, sociale démocrate ou qu'elle soit communiste, ce n'est pas toujours plus de dette et plus de déficit ».

Véronique Pierron

Pour en savoir plus :

Troisième grande conférence de presse solennelle du quinquennat (Le Parisien)

Le pacte de responsabilité vu par Raymond Soubie, Ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy (Le Monde)

Laisser un commentaire