Outre-Mer: Le Jacobinisme de l’Etat dénoncé par les maires

mercredi 26 novembre 2014
Crédit: Ministère des outre-mers

Et si le gouvernement se mettait aussi au chevet des particularités des territoires d’outre-mer en concoctant ses réformes ? Les maires ultramarins lui demandent en tous les cas une « approche différenciée » à leur égard. Lors de l’ouverture lundi du 97ème congrès de l’association des maires de France, les ultramarins ont accusé le gouvernement de ne jamais tenir compte de leurs particularités et ont taxé cette propension à ne faire des lois que pour la métropole de « jacobinisme ».  Les maires d’outre-mer ont donc décidé de rédiger une motion spécifique pour promouvoir une approche différenciée du gouvernement à leur égard. Ce texte a été remis mardi à la ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin.

Le président de l'association des maires de Mayotte, Saïd Omar Oili, a insisté avec un zeste d’ironie : « Il faut que l'Etat se rende compte que derrière les plages et les cocotiers, il y a des hommes et des femmes qui vivent dans des conditions difficiles ». La ministre s’est employée à rassurer les élus, en leur signifiant aussi qu'ils devaient « participer à l'effort de la Nation ». Mais, Georges Pau-Langevin a affirmé que « l'arbitrage sur le Fonds de péréquation intercommunal (FPIC) est favorable à l'outre-mer pour que l'effort ne soit pas insurmontable ».

Environnement socio-économique différent

Et l’environnement social est souvent aussi éloigné de la métropole que le nombre de kilomètres.  David Riché, maire de Roura, une commune de 3 000 habitants occupant une superficie « 80 fois celle de Bordeaux », dénonce les rythmes scolaires perçus comme une réforme très difficile à mettre en œuvre voir inapplicable dans certains cas : « De Kourou a été lancée la sonde Rosetta et nous avons encore des enfants qui se lèvent à 4h30 pour prendre la pirogue et aller à l'école, parfois à 60 km de chez eux ! ». « Je ne pense pas qu'une journée pleine le mercredi soit favorable à leur métabolisme », ironise-t-il. 

Puis ce fut au tour du représentant de Mayotte de condamner en mettant  en exergue les difficultés matérielles que rencontrent les communes ultramarines : « On nous demande les rythmes scolaires mais nous avons la rotation scolaire c'est-à-dire que la même salle est utilisée pour deux classes différentes dans la même journée car nous sommes en déficit de 600 classes ! ». Jacques Pélissard, le président de l’AMF a quant à lui dénoncé certaines règles venues de Paris qui méconnaissent la réalité. « C'est un jacobinisme qui n'est plus d'actualité. Il faut laisser une possibilité d'adaptation », a-t-il estimé en prêchant pour laisser les élus « porter des solutions » adaptées à leurs territoires insulaires pour la grande majorité ou d’une superficie démesurée pour la Guyane.

Injustices des diminutions des dotations

Les ultramarins se sont aussi révolté contre la diminution des dotations d’Etat. Le représentant de la Guadeloupe, Jean-Claude Lombion, s’est ému sur ce qui restait à accomplir : « Energie, assainissement, eau potable, mise aux normes sismiques des écoles: nous avons du pain sur la planche et au lieu de baisse de dotation, nous aurions plutôt besoin de ressources nouvelles » et David Riché a taxé de « traitement exceptionnellement injuste » le calcul de la dotation par rapport à la superficie de son département.  « Nous sommes à 3 euros l'hectare alors que les communes de montagne sont à 5 euros », a-t-il souligné en demandant un alignement.  Enfin, les ultramarins demandent une meilleure collaboration avec les services de l’Etat comme par exemple dans le cadre de la lutte contre l’invasion des algues sargasses aux Antilles. « Est-ce que face à ce problème qui touche l'économie et la santé des gens, les services de l'Etat peuvent nous aider, nous les petites communes qui n'avons pas les agents suffisants ? » a demandé Blaise Mornal,  le maire de la petite commune de Petit-Canal. Mais ce sont tous les Antillais qui demandent un classement des littoraux touchés en « catastrophe naturelle » et une aide pour mieux comprendre scientifiquement ce phénomène.

Véronique Pierron

Pour en savoir plus :

Saïd Omar Oili (Le Journal de Mayotte)

David Riché, maire de Roura (Guyanne 1ere)

Rythmes scolaires (France TV Info)

L’invasion des algues sargasses aux Antilles (France Antilles)

Petit-Canal (site de la mairie)

 

 

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