Manuel Valls : Croissance et simplification à l’ordre du jour

mardi 8 avril 2014
Crédit : Gouvernement.fr

Focus sur les entreprises et la compétitivité… retour à la croissance oblige. C’est ainsi que pourrait se résumer le discours de politique générale de Manuel Valls. Le nouveau premier ministre s’explique : « Dans une économie globalisée, nos entreprises font face à une concurrence mondiale qui ne leur fait pas de cadeau » et ajoute « Face à ces mutations, nous devons nous mettre au niveau le plus élevé et développer notre productivité, notre compétitivité, notre attractivité ». «Nous devons renforcer notre commerce extérieur, notre tourisme, notre technologie dans bien des domaines. C'est notre but dans notre diplomatie économique ». Concrètement, cela s’est traduit ensuite par un appel aux entreprises et à leurs dirigeants auxquels Manuel Valls a promis une baisse du coût du travail de 30 Md€ d’ici à 2016. Mesure qui passera notamment par une suppression des charges pour l’employeur d’un salarié payé au Smic au 1er janvier 2015. « Pour les salaires jusqu'à 3 fois et demi le Smic, c'est-à-dire plus de 90% des salariés, les cotisations famille seront abaissées de 1,8 point au 1er janvier 2016 », a-t-il expliqué.

Entreprises qui seront aussi favorisées par une baisse des taxes pour « relever l’investissement » en agissant sur la fiscalité. Son but est de « réduire les impôts de production » et dans cet objectif, la contribution sociale de solidarité des sociétés payée aujourd’hui par 300 000 entreprises sera supprimée dans un délai de trois ans. Une suppression qui représentera « six Md€ de marges supplémentaires » pour les entreprises concernées par cette taxe. Quant à l’impôt sur les sociétés, la surtaxe instaurée sous la précédente mandature sera supprimée en 2016 et son taux normal sera lui-même « abaissé à 28% en 2020 avec une première étape en 2016 ».

 

Simplifier !

Fiscalité toujours. Place à la simplification. Le premier ministre a annoncé que « De petites taxes à faible rendement » seront rapidement supprimées. Puis Manuel Valls a renvoyé la balle aux entrepreneurs en les défiant : « L'État a pris ses responsabilités, aux employeurs de prendre les leurs » car a-t-il rappelé, « l'accord passé entre les partenaires sociaux» a notamment pour objectif « la création d'emplois pour les jeunes et les seniors ».

Coté ménages, les plus modestes sont aussi concernés dans le cadre du pacte de solidarité voulu par François Hollande. « Dès le 1er janvier 2015, les cotisations seront diminuées sur les salaires les plus bas », a annoncé le premier ministre qui a précisé que cette mesure doit représenter « 500 euros supplémentaires » pour ces ménages. D’ailleurs, l'ensemble des mesures destinées aux ménages modestes représenteront « cinq milliards d'euros à l'horizon 2017 ».

 

Economies… économies

Réduire les taxes signifie aussi faire des économies pour contrebalancer la perte. Dans cet objectif, Manul Valls a confirmé un objectif de « 50 Md€ d’économies sur trois ans ». « De 2015 à 2017, l'effort sera partagé par tous, 17 Md€ pour l'État, 10 Md€ pour l'assurance maladie et 10 Md€ pour les collectivités locales ». Et à ce jeu, les régions sont toujours dans la ligne de mire puisque le premier ministre a plaidé vouloir en finir avec « le millefeuille territorial » et pour ce faire, il a proposé « quatre changements majeurs ». Le premier sera de réduire de moitié le nombre de régions qui doivent « disposer d’une taille critique ». Il a précisé qu’une « nouvelle carte des régions sera établie pour le 1er janvier 2017 ». Ensuite la clause de compétence générale sera supprimée et les conseils départementaux le seront à leur tour à horizon 2021 et une nouvelle carte intercommunale sera établie le 1er janvier 2018.

 

Un clin d’œil aux verts

Et comme les écologistes l’ont battu froid en refusant d’entrer dans son gouvernement, il leur a lancé « La croissance, c’est aussi l’économie verte » et a évoqué dans la foulée, la transition énergétique qui sera l’une des priorités de son gouvernement. « C'est une formidable opportunité économique qui réduit notre déficit commercial et renforce notre souveraineté, a-t-il assuré. Elle renforce notre pouvoir d'achat et encourage des secteurs porteurs en termes d'emploi ». Toujours sous forme d’appel du pied à cette partie frondeuse de la majorité, il a rappelé que Paris accueillera en 2015, une conférence sur le climat et a annoncé qu’ « une stratégie bas carbone » dont l’objectif est de « réduire de 30% notre consommation d'énergies fossiles d'ici 2030 et de 40% nos émissions de gaz à effet de serre à la même échéance » sera présenté au Parlement. Enfin, il a rappelé l’engagement de François Hollande de réduire de 50% la part du nucléaire d’ici à 2025 qui sera « inscrit dans la loi ».

 

Des réactions qui étaient attendues

La réaction des écologistes est conforme aux attentes et une majorité des dix-sept députés écologistes ont voté mardi après-midi la confiance au gouvernement de Manuel Valls. « Nous voterons pour dans un esprit constructif. Ce n'est pas un chèque en blanc. Nous souhaitons des inflexions de fond de ce qui a été fait depuis deux ans », a prévenu François de Rugy, co-président du groupe des écologistes qui attend notamment des « clarifications sur la loi de transition énergétique ». Sans surprise, André Chassaigne, chef de file des députés du Front de gauche a annoncé que son groupe voterait contre. « Nous allons voter contre sans ambigüité car la réponse du gouvernement n’est pas au niveau des enjeux », a-t-il expliqué. « Quand on mesure dans le pays, à quel point il y a un rejet total non seulement de la politique conduite par le gouvernement mais également du système politique, quand on mesure à quel point, la souffrance est grande, quand on mesure à quel point les citoyens se sentent déclassés, on ne peut pas aller vers une demie mesure, il faut dans ce pays une politique complètement différente avec des décisions courageuses », a-t-il ajouté.  Sans surprise aussi, Jean-Christophe Lagarde, porte-parole des députés UDI et Christian Jacob, chef de file du groupe UMP ont confirmé que leurs groupes ne voteraient pas la confiance au gouvernement.

Véronique Pierron

Pour en savoir plus :

Contribution sociale de solidarité des sociétés (Service Public)

Pacte de solidarité (BFMTV)

Leurs groupes ne voteraient pas la confiance au gouvernement (AFP)

 

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