Le difficile axiome de la sécurité

mardi 13 janvier 2015
Capture d'écran France 3

Concilier une sécurité nationale renforcée et la préservation de cette magnifique unité nationale qui a rassemblé près de quatre millions de personnes dans les rues des villes de France et de Navarre risque de constituer un exercice périlleux. Pourtant, lors de la journée mémorable du 11 janvier, les forces de police ont été applaudies. Une première dans un pays plutôt réputé pour ses manifestations anti-flics. Mais le gouvernement va être obligé de se coller à la sécurité et tout faire créer un équilibre acceptable. L’obligation absolue étant de circonscrire de nouvelles tragédies comme celles qui ont coûté la vie à 12 personnes mercredi dernier à Charlie Hebdo, à une jeune flic le lendemain à Montrouge et à quatre personnes de confession juive vendredi dans une épicerie casher à Vincennes. Dès lundi, les 717 écoles et lieux de culte juifs de France ont été protégés grâce à 4 700 policiers et gendarmes supplémentaires. L’armée va être aussi enrôlée dans la défense de la sécurité nationale. Le nombre de militaires, qui était de 2 000 dimanche soir sur le terrain, est passé à 5 400 lundi soir pour passer aujourd’hui à  8 500 et atteindre les  10 500 militaires mercredi. Coté Place Beauvau, on assure que ces renforts seront aussi destinés à assurer la protection des lieux de culte musulman. En début de soirée lundi, une cinquantaine d’actes anti musulmans avaient été répertoriés depuis l’attentat contre Charlie Hebdo.

La sécurité via un renforcement des lois anti-terroristes

La sécurité de la nation sera aussi assurée de manière législative sans doute par le renforcement des mesures déjà comprises dans les deux lois anti terroristes que le gouvernement a adopté en deux ans. Manuel Valls a déjà annoncé vouloir améliorer le « renseignement » en milieu carcéral et « généraliser » l'isolement en prison « des détenus islamistes radicaux ». Amédy Coulibaly l’auteur de la tuerie de la Porte de Vincennes et Chérif Kouachi, l'un des deux frères auteurs de l'attentat contre Charlie Hebdo, étaient ainsi passés par la prison avant leurs attaques mortelles. D’ailleurs Manuel Valls avait déclaré sur BFMTV et RMC, qu’ils avaient « sans doute un complice ». Les autorités recensent quelque 1 400 jihadistes français ou résidents en France « concernés » par des départs pour combattre en Syrie et en Irak et 70 de ces jihadistes  y sont morts, a précisé le premier ministre. D’autres pistes législatives consistent à « améliorer » le système des écoutes administratives et judiciaires. En fait, le gouvernement  a déjà en préparation une loi sur le renseignement.

Lutter d’une manière civique contre le racisme et les haines

Manuel Valls a appelé les Français  à ne pas « laisser retomber l'esprit du 11 janvier » et il faisait référence directement à l’école où la minute de silence du 8 janvier dernier a été perturbée dans de plusieurs établissements. Ainsi, la vigilance concerne aussi l’école et la ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem a consulté lundi les syndicats de l'éducation et les fédérations de parents sur les valeurs de la République. Vigilance accrue aussi autour de l’antisémitisme, domaine dans lequel le polémiste Dieudonné s’est à nouveau distingué en écrivant dimanche soir, juste après la grande marche à laquelle il avait participé : « Je me sens Charlie Coulibaly ». Manuel s’en est indigné : « Il ne faut pas confondre la liberté d'opinion avec l'antisémitisme, le racisme, le négationnisme ». En réaction, l’actionnaire de plusieurs Zenith de France  a donné instruction à ses équipes de « ne pas programmer le spectacle de Dieudonné ».

Et tout ceci alors que les rescapés du massacre de Charlie Hebdo préparent la sortie du prochain numéro. Cette édition « des survivants » sera tirée sera tirée à trois millions d'exemplaires, au lieu de 1 million initialement prévu, et traduite en 16 langues. En Une de l’hebdo, le prophète Mahomet une larme à l’œil et portant une pancarte « Je suis Charlie », juste au dessus de lui est inscrit « Tout est pardonné ». Un joli pied de nez à la haine et à la violence.

Véronique Pierron

Pour en savoir plus :

Les forces de police ont été applaudies (L'Obs)

Une cinquantaine d’actes anti musulmans (Le Parisien)

Amédy Coulibaly (BFMTV)

Chérif Kouachi (Le Monde)

La minute de silence perturbée dans les écoles (France TV Info)

En Une de Charlie hebdo (Libération)

 

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