Hollande, le « président jusqu’au bout »

vendredi 19 septembre 2014
AP

Il restera « président jusqu’au bout »… C’est la quintessence de la conférence de presse présidentielle qui s’est tenue hier à l’Elysée. Attaqué sur tous les fronts par les journalistes sur son impopularité, sur sa majorité qui va au diable vauvert, le président Hollande a voulu donner l’image d’un navire qui… ne prenait pas l’eau. Il a aussi remis aux calanques la question de sa candidature à la présidentielle de 2017 en affirmant : « Je suis président, pas candidat, je serai président jusqu'au bout, je n'ai pas d'autre objectif, d'autre priorité, d'autre devoir que de faire tout, tout pour mon pays. Donc, l'idée de ma candidature n'est pas présente ». Une question d’autant plus précoce que François Hollande, n’arrivera à la moitié de son mandat qu’en novembre. « Je ferai ce mandat pleinement, complètement sans me préoccuper même de ma popularité qui est dans l'état que vous connaissez, parce que ce n'est pas mon objectif », a prévenu le président de la République.

Des explications à un moment où le retour de Nicolas Sarkozy dans la vie politique prend des allures d’un secret de polichinelle qui s’officialisera sans doute avant la fin de la semaine. L’ex président revient en effet à la politique par la petite porte de la présidence de l’UMP.   D’ailleurs, François Hollande ne s’est pas gêné pour le banaliser comme simple « candidat à la présidence d’un parti ».

Sarkozy : retour à la case de candidat

« Il ne m'appartient pas comme président de la République de commenter les éventuelles déclarations de candidatures à la présidence d'un parti et notamment d'un parti d'opposition », a-t-il botté en touche sur le retour imminent de Nicolas Sarkozy. « Je dirai tout simplement que ceux qui ont gouverné hier et avant-hier ont parfaitement le droit de prétendre le diriger demain et après-demain. C'est la démocratie », a-t-il déclaré en faisant clairement allusion à la fois à Sarkozy mais aussi à ses challengers Alain Juppé et François Fillon, une manière aussi de remettre l’ancien président dans un rôle se simple opposant politique, candidat parmi d’autres  à la présidence d’un parti politique. Il lui a servi aussi quelques piques sur son bilan en glissant par exemple qu’il n’avait pas l’intention d’augmenter la TVA de 1,6 point comme le prévoyait Nicolas Sarkozy ou en insistant sur la « grave responsabilité » de la communauté internationale dans l’instabilité politique actuelle de la Lybie qu’il ne fallait « pas simplement bombarder ». On se souvient que lors des frappes contre la Lybie en 2011, Nicolas Sarkozy s’était placé en vrai chef de guerre.

Pas de rivalité entre le président et son premier ministre

Quant aux rumeurs de rivalité entre lui et son premier ministre, le Président a balayé les propos prêtés à Manuel Valls comme quoi il aurait affirmé devant des proches en imitant Louis XIV : « L’Etat, c’est moi ». François Hollande a affirmé qu’une rivalité entre lui et son premier ministre n’était « pas envisageable ». « Si vous regardez la vie politique, tout est envisageable, si vous regardez Manuel Valls et moi, ce n'est pas envisageable », a-t-il affirmé.  D’ailleurs, François Hollande a remis Manuel Valls à sa place de premier ministre nommé par lui en affirmant que s’il n’avait pas réussi à obtenir la confiance de l’Assemblée Nationale, il aurait dissout l’Assemblée et aurait renvoyé les députés vers leurs électeurs. Une manière de dire à son premier ministre qu’il ne distribuait pas les cartes. Puis il a encore insisté pour se placer au dessus des batailles partisanes : « Je suis président de la République, je ne suis pas le chef de la majorité, c'est le Premier ministre », a encore rappelé M. Hollande. Cette phrase ne fait-elle pas penser à ce qu’avait dit un certain Jacques Chirac de son premier ministre Nicolas Sarkozy qu’il trouvait trop ambitieux : « Je décide, il exécute » ?

Véronique Pierron

Pour en savoir plus :

Impopularité du chef de l’Etat (Le Figaro)

Le retour de Nicolas Sarkozy dans la vie politique (Nouvel Obs)

l’instabilité politique actuelle de la Lybie (L'Express)

« Je décide, il exécute » (You Tube)

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