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Nom: Gérard Longuet
Position actuelle: ex-Ministre de la Défense

Engagé successivement auprès de l’extrême droite, puis de l’UDF et de l’UMP, Gérard Longuet est, depuis le 27 février 2011, ministre de la Défense et des Anciens combattants au sein du gouvernement Fillon 3.

 

Etudes et premiers engagements politiques

 

Né à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) le 24 février 1946, Longuet étudie au lycée Henri-IV à Paris avant de se lancer dans des études de droit et de lettres. En 1966, il décroche son diplôme de l’Institut d’études politiques de Paris. Etudiant, il participe à la création, en 1964 et en compagnie d'Alain Madelin, du mouvement d'extrême droite Occident, qui se revendique pro-Algérie française.

Au delà des simples manifestations, il s’engage en rédigeant tracts et manifestes.

 

En 1967, accusé d’avoir participé à une expédition punitive contre des étudiants d'extrême gauche à l’Université de Rouen, il écope d’une amende de 1000 francs pour "complicité de violence et voie de fait avec armes et préméditation" en compagnie de douze autres militants d'extrême droite dont Alain Madelin.

 

1968 marque la dissolution d’Occident par le conseil des ministres et le nouvel engagement de Longuet auprès du GUD (Groupe union défense), groupuscule étudiant d'extrême droite, dont il écrit la charte puis auprès d’Ordre nouveau, mouvement destiné à rassembler les nationalistes, dissous à son tour en 1973 pour atteinte à la sûreté de l’Etat. En parallèle de ses activités politiques, il obtient un diplôme d'études supérieures (DES) de sciences politiques en 1968.

 

Il intègre l’ENA en 1971 et c’est depuis ce prestigieux établissement qu’il rédige le programme économique d’un nouveau parti, le Front National, avant d’être diplômé en 1973.

Depuis, il dit s’être trompé de combat même s’il assume son passé. Il confiait d’ailleurs au journal “Le Monde” en 2005 : "Pour des raisons personnelles, j'étais Algérie française et anticommuniste. J'ai fait un bout de chemin avec la Fédération des étudiants nationalistes, avant de basculer vers Occident. Nous étions une bande de copains. Je n'ai jamais supporté que l'on m'interdise de m'exprimer […]. On se spécialisait dans la relation conflictuelle et musclée avec l'extrême gauche. On s'est pris des raclées, j'ai eu le cuir chevelu entamé."

 

 

Sa carrière politique au sein de la droite

 

Sa sortie de l’ENA lui ouvre les portes d’une carrière de haut-fonctionnaire dans plusieurs cabinets préfectoraux. Il ne se détache pourtant pas de toutes fonctions politiques mais revient vers une droite plus modérée en ralliant le Parti républicain en 1974 dont il est tout d’abord trésorier de 1982 à 1988, puis secrétaire général de 1988 à 1990 et finalement président de 1990 à 1995.

 

Il est élu député de la Meuse en 1978 et conseiller général en 1979 puis est, tour à tour, directeur des cabinets des préfets de l'Eure entre 1973 et 1974, de la Somme (1974-1976) et de Jacques Dominati, secrétaire d’État auprès du Premier ministre Raymond Barre entre 1977 et 1978.

Député, puis vice-président du conseil général de la Meuse sous la bannière UDF-PR, membre du conseil général de la Meuse pour le canton de Seuil-d'Argonne de 1979 à 1992, il en devient vice-président de 1982 à 1986. En parallèle, Gérard Longuet siège à la Commission des affaires sociales et de l’emploi puis à la Commission de l’énergie, de la recherche et de la technologie ainsi qu’à la Délégation pour les relations avec les Etats du Golfe.

 

Emporté par la vague rose de 1981, il obtient un mandat européen en 1984 sur la liste UDF-RPR menée par Simone Veil et retrouve son siège de député en 1986.

 

De mars à août 1986, Gérard Longuet accède au poste de Secrétaire d’Etat chargé des Postes et Télécommunications. Puis, de 1986 à 1988, il est nommé ministre délégué auprès du ministre de l’Industrie, des Postes et Télécommunications et du Tourisme, chargé des Postes et Télécommunications sous le gouvernement de cohabitation de Jacques Chirac. Il perd son ministère après la victoire du parti socialiste à la présidentielle et aux législatives, et redevient député de la Meuse, poste auquel il avait été élu en 1978.

 

En 1992, il devient président du conseil régional de Lorraine, poste qu’il occupera jusqu’en 2004.

 

Le 29 mars 1993, c'est Edouard Balladur, premier ministre de la deuxième cohabitation sous François Mitterrand qui le nomme ministre de l'Industrie, des Postes et Télécommunications et du Commerce extérieur. Mais rapidement, il se retrouve cerné par des affaires judiciaires et est obligé de démissionner le 14 octobre 1994 et de se retirer de la vie politique tout en restant à la tête de la région Lorraine.

 

 

Des affaires judiciaires le tiennent éloigné de la politique

 

Il se retrouve au centre de plusieurs affaires dont un dossier sur la construction de sa villa à Saint-Tropez dans lequel il est soupçonné de recel d'abus de biens sociaux avant d'être relaxé en 1998. De plus, une information judiciaire contre X est ouverte contre lui en octobre 1994 visant de potentiels abus de confiance, abus de biens sociaux, recel, complicité de faux et usage de faux pour trois sociétés qu'il a monté lui même : Avenir 55 (une société de conseil créée en 1986 qui fournit à des grands groupes des prestations de conseil et des rapports), Investel (créée en 1989) et la Financière du 25 rue de l'Arcade à Paris. Il est finalement relaxé, en partie pour prescription.

 

La justice soupçonne également Gérard Longuet dans une affaire de financement présumé occulte du Parti républicain. Une information judiciaire est ouverte. Un an après, en 1995, il est mis en examen. Après quinze ans d'instruction, l'ancien ministre Gérard Longuet bénéficie d’un non-lieu le 8 mars 2010 en partie grâce à la loi d'amnistie de 1990 sur les financements politiques.

 

Dans un article du Figaro repris par Le Nouvel Obs au lendemain du non-lieu, il admettait ressentir une immense satisfaction. « Après quatorze ans, quatre mois et dix jours d'attente, c'est la fin d'une procédure qui aurait pu être traitée en un an. Il me semble que les problèmes de procédures qui conduisent au non-lieu auraient pu être relevés dès 1995. »

 

Dans les années 90, il préside la société Herbemont-César et Associés tout en demeurant à la tête de la région Lorraine et en réintégrant en 1998 le conseil général de la Meuse pour le canton de Fresnes-en-Woëvre. En 2004, il fonde une holding spécialisée dans le conseil, Sokrates Group, dont il est le président.

 

 

Retour en politique

 

Il entre au Sénat après les élections de 2001 et adhère à l’UMP (Union pour un mouvement populaire) en 2002 en y devenant membre du bureau politique. En juillet 2002, il prend la tête de l'Association des régions de France (ARF).

 

Suite aux élections régionales de 2004 qui ont vu une nette victoire de la gauche, Gérard Longuet perd les présidences du conseil régional de Lorraine et de l'ARF. En 2005, il devient président de l'Agence de financement des infrastructures de transports de France (AFITF).
 

Ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Elysée (2007-2009), il devient président du groupe UMP du Sénat en juillet 2009.

 

Son retour au gouvernement ne se fait que le 27 février 2011 lorsqu’il remplace Alain Juppé - devenu ministre des Affaires étrangères en remplaçant Michèle Alliot-Marie- au poste de ministre de la Défense et des Anciens combattants. Il doit ainsi quitter son mandat parlementaire de président du groupe UMP au Sénat et est remplacé par Jean-Claude Gaudin.

 

 

Ses prises de position font de lui un habitué des polémiques

 

La personnalité de Gérard Longuet et ses prises de positions sont souvent contestées et tendent à créer la polémique.

 
En mars 2010, alors patron des sénateurs UMP, il provoque un tollé de la gauche en jugeant préférable de nommer à la tête de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations (Halde) quelqu'un du "corps français traditionnel qui se sente responsable de l'accueil de tous nos compatriotes " plutôt que le socialiste Malek Boutih.
Gérard Longuet a par la suite regretté que son expression eut été « peut-être raccourcie et maladroite » mais a maintenu le sens de son discours expliquant que la lutte contre la discrimination devait être prise en charge « par tous ceux qui ne se sentent pas concernés, ceux qui se sentent protégés et qui au contraire doivent faire cet effort d'ouverture".
 
Plus tôt, en juillet 2008, et toujours au Sénat en tant que sénateur UMP de la Meuse, il fait bondir les associations de défense des homosexuels qui réclament sa démission lorsqu’il fait un rapprochement entre homosexualité et pédophilie, déclarant ironiquement « c'est extrêmement réjouissant de savoir que l'on promeut en effet des formes nouvelles de sexualité dans l'école et qu'on combat en même temps la pédophilie… Il y a quand même un moment où il faut savoir sur quelles valeurs on s'arrête.»
 
Il a, qui plus est, estimé que l'activité des professeurs de maternelle n’allait pas au delà de « faire faire des siestes à des enfants ou leur changer les couches», provoquant la colère des syndicats enseignants.
En mai 2011, quelques mois après le soulèvement populaire contre la dictature tunisienne et la fuite de Ben Ali, l’hebdomadaire les Inrockuptibles révèle que le ministre de la Défense avait séjourné pendant deux jours en 2006 dans un palace près de Tunis aux frais du régime du président Ben Ali.
 
Il ne fait pas bon avoir entretenu des relations avec ce régime accusé de corruption et de torture.
Michèle Alliot-Marie a été la première à en subir les conséquences en démissionnant en février 2011 de son poste de chef de la diplomatie française après avoir passé des vacances en Tunisie en plein « printemps arabe», et avoir utilisé le jet privé d'un homme d'affaires tunisien lié au clan Ben Ali, lors des fêtes de fin d'année avec ses parents.
 
En ce qui concerne Gérard Longuet, cet épisode sous le soleil tunisien ne lui a valu qu’un embarras passager.
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