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Nom: François Baroin
Position actuelle: Ministre de l'Économie et des Finances

François Baroin est le ministre de l'Economie, des finances et de l'industrie depuis juin 2011 dans le gouvernement dirigé par François Fillon. Il est pris très jeune sous l'aile protectrice de Jacques Chirac, qui initie sa carrière politique en 1989, notamment à la suite d'un double drame familial auquel l'ancien président de la République n'est pas resté insensible. Cet ancien journaliste connaît une ascension fulgurante quelques années seulement après son entrée en politique, faisant alors de lui un des plus jeunes élus sur le plan local comme national.

 

François (Claude Pierre René) Baroin est né le 21 juin 1965 à Paris dans une famille aisée. Il est le fils de Michèle Paulin, ancienne employée des Postes et Télécommunications (PTT) et membre du réseau "Libération-nord PTT" au milieu des années 1940.

 

Son père, Michel Baroin, lui même fils d'un gardien de la paix, était docteur en droit et diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris. Très actif, cet homme d'affaires est d'abord commissaire de police puis devient membre de la Direction de la surveillance du territoire (DST), avant d'être nommé sous-préfet de Nogent-sur-Seine, dans le département de l'Aube. Elu ensuite maire de Troyes, il est appelé comme chef de cabinet auprès de deux présidents de l'Assemblée Nationale, Edgar Faure et Achille Peretti. Ce dernier, ancien maire de Neuilly-sur-Seine pendant plus de 35 ans, passe pour être le père spirituel du président de la République Nicolas Sarkozy.

 

Ami personnel de Jacques Chirac et de François Mitterrand, Michel Baroin est un temps grand maître de la plus ancienne et plus importante obédience maçonnique d’Europe continentale, le Grand Orient de France. Il préside également aux destinées de la Garantie mutuelle des fonctionnaires au milieu des années 1970, puis, dix ans plus tard, à celles de la Fédération nationale d'achats des cadres, plus connue sous le nom de FNAC.

 

Pendant ce temps, son fils François Baroin, notamment ancien élève d'un lycée catholique, obtient un certificat d'aptitude professionnelle de boucher-charcutier, avant d'intégrer entre autres établissements l'université Panthéon-Assas. Il obtient deux diplômes d'études supérieures spécialisées de défense puis de sciences de l'information et des bibliothèques, et un diplôme d'études approfondies de géopolitique.

 

Peu avant ses 21 ans, en avril 1986, François Baroin assiste à la mort de sa sœur aînée Véronique, renversée accidentellement par une voiture sur un quai parisien. Moins d'un an plus tard, en février 1987, peu après la vague d'attentats terroristes qui ensanglantent la France, le père de l'actuel ministre, qui aurait été victime des suites du contentieux Eurodif entre la France et l'Iran, meurt lorsque le jet privé qui le transporte s'écrase au Cameroun. L'ancien membre de la DST avait décollé de Brazzaville, au Congo, où il venait de rencontrer le président Denis Sassou-Nguesso. Trois mois auparavant, c'est peut-être ce même contentieux qui coûtera la vie à Georges Besse, alors président-directeur général du constructeur automobile Renault et fondateur d'Eurodif, et vaudra l'enlèvement de journalistes français au Liban.

 

Ces drames personnels, qui développent chez l'actuel ministre une résistance reconnue de tous, marquent l'amorce de son destin politique.

 

 

Jacques Chirac vient en personne au domicile familial annoncer la mort du père et époux. Ces évènements tragiques poussent l'ancien président français à "prendre sous [son] aile" François Baroin, qui lui est "devenu comme un fils" et dont il s'avère être de plus en plus proche au fil du temps. L'ancien maire de Paris revêt dès lors l'habit de mentor politique et l'encourage quelques temps après à embrasser une carrière dans ce sens.

 

Bien qu'imprégné du riche parcours de son père, François Baroin ne s'inscrit pas immédiatement dans son sillon. Il débute en 1988 comme journaliste politique au sein d'Europe 1, radio privée généraliste où il œuvre pendant plus de quatre ans, notamment aux côtés de Laurence Ferrari. Jean-Pierre Elkabbach, alors directeur d'antenne, l'avait remarqué en 1987 sur le plateau télévisé de l'émission littéraire Apostrophes, au cours de la promotion du livre posthume de son père.

 

De sensibilité naturellement chiraquienne, François Baroin finit par adhérer au parti du Rassemblement pour la république en 1992, alors qu'il est déjà conseiller municipal de Nogent-sur-Seine depuis 1989. Il se fait élire député de l'Aube en 1993, à l'âge de 28 ans, ce qui fait de lui le plus jeune élu de France à la Chambre basse. Ce premier record en appelle très rapidement un second après la première élection de Jacques Chirac à la tête de l'Etat en 1995, dont l'actuel ministre a également été porte-parole pendant sa campagne présidentielle. Il est aussitôt propulsé secrétaire d'État auprès du Premier ministre Alain Juppé, au titre de porte-parole du gouvernement. Cette nomination fait alors de lui le plus jeune ministre de la Ve République. Il est ensuite élu dans la foulée, la même année, maire de Troyes, président de l'Association des maires de l'Aube, puis de nouveau député de l'Aube en 1997.

 

Devenu avocat en 2001, François Baroin préside la même année la Communauté d'agglomérations de Troyes, avant de devenir vice-président de l'Assemblée nationale de 2002 à 2005. Porte-parole puis membre du bureau politique de l'Union pour un mouvement populaire en 2003, il devient conseiller de Nicolas Sarkozy après l'élection de ce dernier à la présidence du mouvement en 2004. Nommé ministre de l'Outre-Mer sous la direction de Dominique de Villepin de 2005 à 2007, le ministre reprend, pendant moins de deux mois, le portefeuille du ministère de l’Intérieur et de l'aménagement du territoire et de l'aménagement du territoire. Il remplace à ce poste Nicolas Sarkozy, qui a alors démissionné afin de se consacrer pleinement à sa candidature à l'élection présidentielle de mai 2007. Ce court intérim lui fait atteindre un troisième record, celui de benjamin du gouvernement en place.

 

Le retrait de Jacques Chirac de la scène politique française marque un passage à vide dans les fonctions gouvernementales de François Baroin. Le départ de son géniteur politique lui permet, non sans mal, de s'affranchir de ce dernier, avant de le conforter dans une certaine liberté d'expression dont il devient le seul dépositaire. Cette période de trois ans lui donne ainsi l'occasion de critiquer le nouveau président de la République, auquel il s'oppose frontalement sur des sujets tels que la place de la France dans l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord ou encore la désignation du PDG de France Télévisions par le pouvoir exécutif.

 

François Baroin est rappelé au sein du gouvernement de François Fillon en mars 2010 comme ministre du Budget, des comptes publics et de la réforme de l’Etat. Il remplace à cette fonction Eric Woerth, entravé par l'affaire dite Woerth-Bettencourt, du nom de l'héritière et principale actionnaire du groupe L'Oréal, affaire qui lui a récemment valu d'être mis en examen pour recel et trafic d'influence passif. S'ajouteront, à la faveur d'un remaniement ministériel au mois de novembre suivant, la charge de porte-parole du gouvernement et le portefeuille de la Fonction publique. Ce dernier, précédemment dévolu à Georges Tron, change de main après que ce dernier ait été contraint à la démission quelques mois auparavant. Il est notamment accusé de viol et d'agression sexuelle par deux anciennes employées de la municipalité de Draveil, dont il est toujours le maire.

 

François Baroin doit son maroquin actuel, indirectement et en partie, à une autre accusation d'agression sexuelle, cette fois à l'encontre de Dominique Strauss-Kahn. Ce dernier, alors directeur général du Fonds monétaire international (FMI), est arrêté à New York le 18 mai 2011. Son incarcération, au-delà de son retentissement international et de ses conséquences, conduira Christine Lagarde, alors ministre de l'Economie, des finances et de l'industrie au moment des faits, à la tête du FMI. La convoitise qu'éveillera la vacance de son portefeuille, notamment de la part de Bruno Le Maire, initialement promis au poste, et de celle de l'actuel ministre, aurait donné lieu à un affrontement entre les deux hommes qui aurait poussé François Baroin à mettre sa démission en jeu. Ce dernier a été nommé en remplacement de Christine Lagarde le 29 juin 2011.

 

Homme aux goûts apparemment simples, adepte de la langue de bois peu porté sur les voyages et se qualifiant lui-même d'hypocondriaque, François Baroin semble dégager des apparences trompeuses derrière une certaine réserve. "Malgré la réputation faite à François d'être un dur parmi les durs sous sa gueule d'ange, c'est un homme de grande qualité et d'une immense discrétion". Faite sur le ton de la plaisanterie le jour de la passation de pouvoir avec l'actuel ministre, cette déclaration de Christine Lagarde résume assez bien l'homme.

 

Surnommé un temps Harry Potter lorsqu'il arborait lunettes rondes et coupe de cheveux sage, cet amateur de football, de tennis et de pêche à la truite ne parvient pas à suivre les conseils de son père lorsque ce dernier lui conseillait d'intégrer une école de commerce. Il échoue ainsi deux fois au concours d'entrée de la prestigieuse école des Hautes études commerciales. "Epicier, ce n'était pas mon truc".

 

Ancré dans l'Aube, repère d'enfance, François Baroin n'en demeure pas moins qualifié de "maire VSD" par l'opposition municipale de la ville de Troyes. Cette dernière lui reproche, bien que ce soit le cas de nombreux maires partagés entre obligations locales et contraintes nationales, de ne consacrer que ses seuls week-ends à la gestion de sa ville.

 

L'actuel maire de Troyes sait également provoquer l'ire de l'opposition socialiste à l'échelle nationale. Il déclare ainsi devant les députés réunis dans l'hémicycle, en novembre 2011, que le Parti socialiste avait été "conduit par effraction au pouvoir en 1997". Il faisait notamment allusion aux élections législatives gagnées par les socialistes après la dissolution de l'assemblée nationale voulue par Jacques Chirac. Cette déclaration provoque l'indignation bruyante des élus de gauche et l'embarras de la majorité, le président de la Chambre des députés Bernard Accoyer convenant que "la parole [y] était libre" mais qu'on "ne peut que regretter certains propos inadaptés".

 

Toujours dans le registre de la dichotomie entre droite et gauche, et justifiant le choix de son camp politique, le ministre répond en 2005 : "Le Parti socialiste ne parvient ni à solder l’héritage de Mitterrand, ni à assumer celui de [Lionel] Jospin. François Hollande en est l’incarnation la plus parfaite : il est le fils de Mitterrand, le frère de Jospin, mais il ne veut pas payer les droits de succession".

 

François Baroin annonce en août 2011 la suppression des niches fiscales. Parmi celles-ci figurent notamment le crédit d’impôt pour intérêts d’emprunt, le privilège réservé aux jeunes mariés ou encore, péniblement aboli, l'abattement de 15% sur les cotisations sociales des particuliers-employeurs. Peu à l'aise avec la langue de Shakespeare, parfaitement maîtrisée par Christine Lagarde alors en partance pour le FMI, le ministre répond à une journaliste qui, en juin 2011, lui pose une question embarrassante dans un anglais hésitant : "On prendra des cours ensemble". L'homme, qui selon ses propres propos "déteste les conflits", quitte alors brusquement la salle de presse, visiblement irrité.

 

François Baroin aurait probablement été plus inspiré s'il lui avait été demandé son sentiment sur… le groupe de rap IAM, dont il est un grand admirateur depuis l'adolescence. L'empire du côté obscur, chanson de 1997 qu'il connaît par cœur, "est" selon lui "une révélation absolue, […] la définition du rap et de l'écriture". Cette confidence à l'antenne, faite en juillet 2009 au micro d'Alexandre Ruiz sur Europe 1, pousse le ministre jusqu'à poser son flow en déclamant notamment : "Je suis le fils de Jaffar, le sale rejeton de Dark Vador, j’adore / Adapter ma technique à la manière du caméléon". Cette prestation, suffisamment rare pour être soulignée, révèle de celui qui fut, plus jeune, disc-jockey, une face cachée de l'homme diamétralement opposée à son image publique.

 

François Baroin et Valérie Broquisse, journaliste de presse écrite et présentatrice de télévision, ont été mariés pendant 15 ans. Trois enfants naîtront de cette union : Jules (1991), Constance (1992) et Louis (1995).  Sa famille semble être marquée par le destin : après la perte tragique, à quelques mois d'intervalle, de sa sœur et de son père au milieu des années 1980, son ex-femme et sa fille sont à leur tour victimes d'un grave accident de voiture fin 2002.

 

François Baroin partage sa vie depuis 2008 avec Michèle Laroque, comédienne née en 1960 et mère d'Oriane (1995), fruit de son mariage avec le metteur en scène Dominique Descamps, actuel directeur du Théâtre Fontaine à Paris. Elle décide de devenir comédienne à la suite là encore d'un grave accident de voiture survenu à l'âge de 19 ans, qui manque de lui coûter la vie et l'immobilise pendant deux ans. Elle a déclaré mettre un terme à son exil fiscal aux Etats-Unis en mai 2010, deux mois seulement après la nomination de son actuel compagnon au ministère du Budget.

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