Frédéric Lefebvre est le secrétaire d'Etat chargé du Commerce, de l’artisanat, des petites et moyennes entreprises, du tourisme, des services, des professions libérales et de la consommation depuis novembre 2010, placé sous l'autorité du ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie dans le gouvernement dirigé par François Fillon. Sa maîtrise du lobbying sera déterminante pour Nicolas Sarkozy au cours des différentes étapes de l'ascension politique de l'actuel président de la république, jusqu'à son accession au pouvoir suprême en 2007.
Frédéric Lefebvre est né le 14 octobre 1963 dans une famille de trois enfants, à Neuilly-sur-Seine dans le département des Hauts-de-Seine. Son père, médecin, est présenté par son fils comme un anti-gaulliste en raison de son opposition à l'indépendance de l'Algérie, voulue par le Général de Gaulle à la fin des années 1950. L'actuel secrétaire d'Etat est titulaire d'une licence en droit privé et d'un diplôme d'études approfondies en droit public interne. Alors âgé de moins de 18 ans, la campagne présidentielle de Jacques Chirac lui offre, en 1981, la première occasion d'approcher Nicolas Sarkozy au titre de responsable des Jeunes du RPR de la ville de Garches. En 1987, l'année de ses 24 ans, après un crochet par le Conseil de Paris, Frédéric Lefebvre est nommé chargé de mission au sein du cabinet de Jacques Chaban-Delmas, président de l'Assemblée nationale, détaché auprès de Patrick Ollier. Ce dernier, élu député des Hautes-Alpes l'année suivante, en fait alors son attaché parlementaire, ainsi que celui de sa toute nouvelle compagne Michèle Alliot-Marie, qui siège également au Palais Bourbon.
Ancré dans le circuit politique national sous l'étiquette Union pour un mouvement populaire (UMP), Frédéric Lefebvre s'inscrit alors dans la vie municipale de Garches, de 1989 à 2007, comme adjoint au maire Jacques Gautier, toujours en poste. Sa collaboration avec Nicolas Sarkozy prend naissance en 1993, après que ce dernier ait été réélu député du département des Hauts-de-Seine puis promu ministre du Budget et porte-parole du gouvernement d'Edouard Balladur. L'actuel secrétaire d'Etat devient son assistant parlementaire, avant d'être désigné chef-adjoint de cabinet chargé de la communication jusqu'en 1995, année de l'élection de Jacques Chirac à la tête de l'Etat. Il décide alors de ne plus consacrer qu'une partie de son agenda à ses fonctions d'attaché parlementaire et s'attèle à la création d'une société privée.
Après la nomination de l'actuel président de la République, en mai 2002, au poste de ministre de l'Intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales, Frédéric Lefebvre se retrouve notamment à ses côtés comme conseiller chargé des relations avec le Parlement. Il demeure par ailleurs conseiller régional des Hauts-de-Seine depuis 2004, et supplée également, de 2007 à 2009, le poste du député André Santini qui est à cette époque nommé secrétaire d'Etat à la fonction publique.
Ces dernières fonctions permettent alors à l'actuel secrétaire d'Etat de nouer des liens auprès des représentants du Parlement de sensibilité UMP. De ces affinités naîtra un réseau favorable à la mise en relief politique de Nicolas Sarkozy, pour qui ce maillage s'avérera déterminant pour son ascension au sein de l'UMP et, partant, son accession au pouvoir suprême. Reconnu pour ses qualités d'organisateur, Frédéric Lefebvre rejoint également l'équipe de campagne présidentielle avant d'accéder pendant deux ans, après la victoire de son mentor, au poste de secrétaire national de l'UMP chargé de l'économie, des finances publiques et des nouvelles technologies. Il se voit ensuite confier les domaines de l'économie, de la refondation du capitalisme et du nouveau partage des richesses.
Comme nombre de personnalités politiques de tous bords, Frédéric Lefebvre prête serment comme avocat tardivement, fin 2009, à plus de 45 ans. Ce phénomène courant, qui confère notamment un certain statut social à son bénéficiaire, doit toutefois répondre à certains critères d'expérience. L'actuel secrétaire d'Etat aurait à ce propos bénéficié d'une certaine clémence de la part du Conseil de l'ordre du barreau de Paris, après audition exceptionnelle de l'intéressé en séance plénière. Il a par ailleurs décidé de renoncer à cette charge après l'obtention de son portefeuille actuel. Connu pour son franc-parler, ce fidèle du chef de l'Etat affirme vouloir s'éloigner de la vie politique à l'âge de 50 ans, soit fin 2013, pour faire dit-il "tout ce qu'[il] n'aurai[t] pas eu le temps de faire avant". Cette volonté affichée ne semble pas toutefois l'empêcher de se préparer aux élections législatives de 2012 comme candidat à la circonscription Etats-Unis-Canada, créée par la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008.
Celui que l'on présente volontiers comme le porte-flingue de Nicolas Sarkozy semble prendre plaisir à cultiver une allure de mauvais garçon. Souvent vêtu de jeans et blouson, il loue la faculté de l'actuel président à "[casser] les codes", à l'image de Serge Gainsbourg, chanteur-compositeur-interprète dont il est un grand admirateur. Résigné aujourd'hui à une apparence plus classique, il s'attache à soigner sa différence dans la sphère politique, trop conforme à ses yeux. Il aurait par exemple été la seule personne à avoir chaussé des ballerines d'une grande marque en présence du chef de l'Etat, les mêmes que celles portées par son artiste préféré de son vivant.
Il est reproché à Frédéric Lefebvre une certaine porosité entre ses fonctions, publiques comme privées, et ses sympathies politiques. Il a notamment créé en 1996 la société Perroquet Institutionnel Communication (PIC Conseil), spécialisée dans le lobbying et la communication institutionnelle. Les co-fondateurs, Steven Zunz et Stéphan Denoyés, ont tous deux été assistants parlementaires de l'actuel maire de Nice et député des Alpes-Maritimes, Christian Estrosi, proche de Nicolas Sarkozy. Parmi les clients de PIC Conseil, qui a intégré le groupe Domaines publics en 2005, figurent des entreprises industrielles prospères œuvrant dans les domaines des télécommunications, de l'immobilier, du jeu, du tabac ou encore de l'alcool. Parmi les compétences déclarées du groupe figure notamment la "veille politique, législative et réglementaire".
A ce propos, l'actuelle plaquette de présentation engage la société à informer ses clients "en temps réel de toute évolution de l’environnement législatif et réglementaire de [leurs] activités". Elle leur promet également de les faire bénéficier de "[sa] maîtrise du processus d’élaboration des normes et de prise de décision des pouvoirs publics". Nicolas Bouvier, actuel responsable de la Commission Déontologie de l'Association française des conseils en lobbying et affaires publiques, a dénoncé cette concurrence déloyale à ses yeux, en raison notamment du secret professionnel que peuvent légalement opposer les avocats, comme le peut désormais Frédéric Lefebvre. Il a ainsi déclaré en 2010 : "Les personnalités politiques qui deviennent avocats pour en réalité exercer discrètement l’activité de lobbyiste devraient mieux tenir compte de l’évolution de notre métier. Ces dernières années des principes se sont imposés, au premier rang desquels la transparence". Deux contrats ont été conclus par le groupe Domaines publics avec le groupe GDF Suez et le groupe pharmaceutique Janssen, lorsque Frédéric Lefebvre était député.
Connu pour ses déclarations à l'emporte-pièce, Frédéric Lefebvre a obtenu un Big Brother Award au printemps 2009 après avoir exprimé son souhait de voir internet contrôlé par le Conseil supérieur de l'audiovisuel, et proposé un amendement allant dans ce sens. Il avait notamment établi des parallèles douteux entre les délinquants de toutes natures et les internautes, à propos entre autres de leur pratique du piratage.
Frédéric Lefebvre, surnommé aussi le sniper de l'UMP, s'est fait remarquer par d'autres déclarations retentissantes. Ainsi celle qui faisait suite en 2009 à la proposition d' Eric Besson, alors ministre de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du co-développement, d'obtenir à certaines conditions un titre de séjour temporaire en échange d'une coopération avec la police : "Si la délation est condamnable car se faisant au détriment de gens honnêtes, la dénonciation est un devoir républicain prévu dans (sic) la loi et permettant de lutter contre les délinquants".
Deux enfants, Quentin et Alix, sont nés de son union avec Valérie Dehaene, graphologue, avec qui il est marié depuis plus de 20 ans.